La procureure de la CPI est également autorisée à examiner des actes de torture présumés commis par la CIA en Afghanistan mais également dans d'autres pays, tels que la Pologne et la Roumanie, où l'agence centrale du renseignement américain a transféré des prisonniers. La Cour pénale internationale (CPI) a autorisé jeudi en appel l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Afghanistan, à laquelle l'administration du président américain Donald Trump s'est farouchement opposée. L'enquête souhaitée par la procureure de la Cour, Fatou Bensouda, vise entre autres des exactions qui auraient été commises par des soldats américains dans le pays où les Etats-Unis mènent depuis 2001 la plus longue guerre de leur histoire. Des allégations de tortures ont également été formulées à l'encontre de la CIA. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est aussitôt offusqué d'une décision "irréfléchie qui intervient quelques jours seulement après que les Etats-Unis ont signé un accord de paix historique concernant l'Afghanistan". La décision de la CPI d'autoriser l'ouverture d'une enquête "est une action incroyable de la part d'une institution politique qui n'a pas à rendre de comptes et se déguise en organe juridique", a tonné M. Pompeo. "La procureure est autorisée à commencer une enquête sur des crimes présumés commis sur le territoire de l'Afghanistan depuis la période du 1er mai 2003", a déclaré le juge Piotr Hofmanski, annulant une décision rendue en avril en première instance par la CPI, fondée en 2002 pour juger des pires atrocités commises dans le monde. Mme Bensouda souhaite examiner non seulement des crimes présumés commis par des combattants talibans et les unités afghanes pro-gouvernementales, mais aussi par les forces internationales, notamment les troupes américaines. La procureure est également autorisée à examiner des actes de torture présumés commis par la CIA en Afghanistan mais également dans d'autres pays, tels que la Pologne et la Roumanie, où l'agence centrale du renseignement américain a transféré des prisonniers. Il s'agit de "crimes de guerre allégués ayant trait à la torture, au traitement cruel, aux atteintes à la dignité des personnes, au viol et d'autres formes de violences sexuelles commis dans le cadre d'une politique par des membres de la CIA", a précisé le juge. La CPI, basée à La Haye, avait estimé en avril 2019 en première instance que l'ouverture d'une enquête sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en Afghanistan, pays membre de la Cour, "ne servirait pas les intérêts de la justice". Jeudi, la Chambre d'appel de la CPI a conclu que les juges de la chambre préliminaire avait "commis une erreur" en estimant que l'ouverture d'une enquête ne servirait pas à ce stade l'intérêt de la justice.