Résumé : Samira lui raconte ses regrets et comment elle a vécu depuis qu'elle s'est enfuie de chez elle. Même si la vie ne lui a pas fait de cadeau, elle a eu de la chance de tomber sur des gens bien. La vie remettait sa fille sur son chemin. Rahima lui dit de se calmer, car rien ne prouve qu'elle est sa fille. Samira secoue la tête. -Non. Je sais que c'est elle. Je le sens. Elle pose la main sur son cœur alors que de nouvelles larmes lui montaient aux yeux. -Mon cœur ne peut pas se tromper. Et puis, ajoute-t-elle en essuyant ses larmes, il y a le fait qu'elle est née le 8 juin, la même année que ma fille. Cela ne peut pas être une coïncidence. Rahima, c'est ma fille. De ma chair et de mon sang. -Calme-toi, dit celle-ci en levant les mains d'un geste d'apaisement. Admettons que ce soit elle. Qu'as-tu l'intention de faire ? Que peux-tu faire ? -Je ne sais pas. Je suis perdue. -Tu as abandonné tes droits sur ta fille il y a longtemps, lui rappelle-t-elle. Ce n'est pas pour t'enfoncer, mais tu vas en rencontrer des difficultés. Samira se lève et se met à arpenter le salon. Elle est de plus en plus pâle. -Je suis sa mère. Je suis la seule qui peut prendre soin d'elle. Depuis que je sais qu'elle a ce handicap, j'ai peur qu'on abuse d'elle. Et puis, elle est seule et sans famille, j'ai vraiment peur pour elle. -Ecoute, de nombreuses familles cherchent à adopter des enfants. -En général, ils choisissent des bébés, dit Samira. Qui voudra d'une fille de son âge, en plus malentendante ? Je trouverais le repos moral le jour où je la saurais placée au sein d'une famille aimante. -Je ne crois pas que cela te suffise. Tu voudras toujours l'avoir à l'œil. Et je le comprends, mais avant de penser à tout ça, tu dois savoir si c'est bien ta fille. Samira hoche la tête. -Pourrais-tu en savoir plus sur la famille adoptive ? -Oui, je vais tenter d'en savoir plus sur elle, sur ce qu'a été sa vie avant d'arriver ici, promet l'amie. On ne risque rien à vouloir en savoir plus. Allez, ressaisis-toi. Va te rincer le visage, rends-toi présentable. Tu fais peine à voir. Samira jette un coup d'œil à sa montre et voit qu'il est bientôt midi. Il y a ce rendez-vous avec Houari. -Je crois que je ne vais pas y aller. Je n'ai aucune envie de répondre à ses questions. Houari voudra savoir ce qui m'a mise dans cet état, et la vérité, je ne peux pas la lui dire. Figure-toi qu'il m'a demandée en mariage aujourd'hui. -Mais c'est merveilleux. Félicitations !, s'écrie Rahima. Voilà une bonne nouvelle. Mais Samira n'est pas de son avis. Au moment où il avait fait sa demande, elle n'avait pas encore vu le dossier de sa fille. Jamais elle n'aura le courage de lui dire la vérité. Elle ne se fait aucune illusion.
(À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.