La célébration de la Journée internationale de la femme a été marquée cette année par l'organisation de deux marches pacifiques dans la wilaya de Béjaïa, l'une au chef-lieu de wilaya et l'autre à Akbou. Ce sont des dizaines, voire des centaines de femmes, qui ont répondu favorablement, hier, à l'appel des collectifs des femmes de Béjaïa. Plusieurs de ces collectifs de femmes, activant au chef-lieu de wilaya, à Tichy, à Aokas et enfin à Amizour, ont répondu favorablement à cet appel à une marche populaire dans les rues de Béjaïa suivie d'un sit-in à la place de la Liberté. À la mi-journée, ce sont déjà plusieurs dizaines de femmes, mais aussi des militants politiques de la mouvance démocratique qui se sont rassemblés sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche. C'est vers 13h30 que les premiers carrés ont démarré en drainant au passage d'autres femmes venues grossir les rangs des manifestants. Sur tout l'itinéraire, les manifestantes, appuyées par une poignée d'hommes, ont scandé les slogans habituels du hirak pour rappeler à tous qu'elles sont une partie intégrante du mouvement de contestation populaire. Occasion, pour elles, de s'en prendre au reste des symboles du système et de la "bande", de type mafieux s'entend, incarnée, selon elles, par certains ministres nommés par les Bouteflika et reconduits dans le gouvernement actuel. Elles ont indiqué s'être mobilisées "pour l'égalité des droits entre femmes et hommes, pour l'abrogation du code de la famille, en soutien et en solidarité avec les luttes des femmes et contre toute forme de violence faite aux femmes". Dans leur déclaration-appel, distribuée lors du double sit-in organisé sur l'esplanade de la Maison de la culture et sur la place Saïd-Mekbel, elles ont indiqué que cette journée de célébration s'inscrit dans une conjoncture de lutte en Algérie et partout dans le monde. Une manière de rappeler que les Algériennes ne sont pas insensibles à ce qui se déroule dans le monde en matière de lutte pour les droits des femmes. Et qu'en Algérie, les femmes ont, depuis le mouvement de libération nationale, "toujours pris part aux différents mouvements sociaux, économiques et politiques", alors que depuis le début du hirak, les Algériennes, a-t-on rappelé, "ont investi les rues dans tout le pays pour demander le changement du système et construire une nouvelle Algérie, démocratique et sociale". Aussi, les militantes algériennes ont senti, ajoute la déclaration, "la nécessité de s'organiser en mobilisant toutes (leurs) forces pour lutter contre les lois, les pratiques discriminatoires à l'égard des femmes". En conclusion, elles ont expliqué que leur mouvement s'inscrit dans le long terme et vise à reconnaître la dignité des femmes algériennes et à satisfaire toutes leurs revendications pour une justice sociale. Elles ont, enfin, dit qu'elles sont conscientes que "seule la convergence avec les autres secteurs ou segments de la société en lutte (les travailleurs, les étudiants, etc.) est à même de permettre à tous de mettre fin à toutes les oppressions et exploitations que le régime a mises en place". Par ailleurs, à Akbou, deuxième ville de la wilaya de Béjaïa, le cortège des femmes a démarré depuis la trémie de Guendouza pour se diriger vers la place du Colonel Amirouche. Munies de l'emblème national et de l'étendard amazigh, les Akbouciennes ont repris les slogans du hirak, tout en insistant sur l'abrogation du code de la famille et l'égalité des sexes.