Résumé : Samira ne se rend pas à son rendez-vous. Elle ne peut pas prendre de décision sans savoir si sa fille lui reviendra. Elle doit dire la vérité à Houari, même si cela risque de tout gâcher entre eux. En fait, pour l'instant, sa priorité est sa fille. Elle doit trouver un travail pour lui assurer une vie stable. Le centre avait ouvert depuis dix jours, et les kinésithérapeutes travaillent avec des orthopédistes. La salle d'attente était pleine de patients. La secrétaire était dépassée. Samira sourit en s'approchant de son bureau. -Bonjour. Je viens pour l'annonce. Vous recrutez toujours ? -Oui. Allez vous asseoir. Dès que le docteur finit sa consultation, je vous annonce. -Y a-t-il eu d'autres postulantes ? -Oui. Les docteurs veulent des infirmières qui ont de l'expérience, lui confie la secrétaire. Si vous en avez, c'est bien parti pour vous. Une bouffée d'espoir lui donne des couleurs aux joues. -Et je ne vous cache pas, vous êtes si belle que je pense que les malades voudront tous être soignés de vos mains. -Merci. Mais quand elle repense aux comportements de certaines familles de malades hospitalisés, elle se dit que sa beauté ne lui aura pas servi à grand-chose. Elle avait eu la peur de sa vie. L'agression verbale l'avait profondément secouée. Elle n'était aucunement responsable de la pénurie à la pharmacie. Elle ne supporte pas de voir les malades souffrir. Ce qui s'est passé la veille la dépasse. Elle aurait voulu que les familles soient plus compréhensives. En fait, depuis qu'elle travaillait à l'hôpital, elle avait arrêté de compter le nombre de fois qu'on s'en prenait à elle. Elle aurait pu fermer les yeux sur cette agression si elle ne subissait pas le harcèlement moral de sa supérieure. C'est plus qu'elle ne peut supporter. Elle veut bien revoir Houari en dehors de l'hôpital. Mais leur relation allait être mise à l'épreuve. Sa fille biologique s'était invitée, sans le savoir, sans le vouloir, dans sa vie. Samira sourit en pensant à elle. Elle remarque qu'un patient était sorti du bureau de la kinésithérapeute. Le temps qu'il règle sa consultation, la secrétaire s'en va prévenir le docteur. -Il y a une nouvelle postulante, dit-elle. -Fais-la entrer. La secrétaire en ressort avec un sourire et prie Samira d'entrer. Celle-ci est heureuse d'être reçue rapidement. La kinésithérapeute, Dr Dahlia, la quarantaine, a ouvert le centre avec son mari. Ils se retrouvent dépassés. -J'ai déjà pris trois infirmières que je forme moi-même, lui apprend-elle. Il y aura une période d'essai. Le centre ouvre à 8h, ce qui veut dire que vous devrez être là à 7h30. Nous fermons à 18h pour permettre à ceux qui travaillent de faire leurs séances à l'heure qui leur convient. Êtes-vous disposée à travailler sans relâche ? -La pause est à quelle heure ? -Il n'y a pas d'heure fixe, lui apprend-elle. Vous ferez la pause lorsqu'il n'y a pas de patients. Samira pense à sa fille Radia. Elle ne pourra pas se rendre à l'école quand elle le voudra et faire du bénévolat dans l'association du quartier. Mais comme elle a besoin de ce travail, elle n'en parle pas.
(À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.