Le marché automobile français a nettement repris des couleurs en 2015, progressant de 6,8% pour dépasser les 1,91 million d'unités, mais Volkswagen a souffert du scandale des moteurs truqués et le diesel a encore perdu du terrain. Les immatriculations de voitures particulières neuves n'avaient pas connu de telle croissance depuis 2009, année de prime à la casse qui avait gonflé les ventes à 2,3 millions d'unités. Le marché était resté à un niveau faible en 2013 et 2014: 1,79 million. "C'est une bonne année, meilleure que prévu", a commenté Flavien Neuvy, responsable de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. "Le marché repart enfin de l'avant, même s'il reste sous les deux millions d'unités, son rythme traditionnel d'avant-crise". En décembre, les immatriculations de voitures neuves ont augmenté de 12,5% par rapport au même mois de 2014, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Mais le mois a été très difficile pour le groupe VW, en pleine tourmente à cause de ses moteurs diesel truqués: il a vu ses livraisons s'effondrer de 8,9%, et même de 15,2% pour la marque Volkswagen. Sur l'ensemble de l'année, le groupe Volkswagen, qui reste le premier importateur avec 12,9% du marché, avance encore de 3,9%, à comparer toutefois aux +9,4% enregistrés par la moyenne des constructeurs étrangers. "On a bien la confirmation qu'il se passe quelque chose" sur les ventes de Volkswagen en France, depuis que le scandale a éclaté en septembre, a remarqué Jean-François Belorgey, expert automobile chez EY. Les groupes français ont quant à eux progressé de 4,6% sur l'année. Ils détiennent 54,2% du marché et monopolisent le "top 10" des modèles vendus: la Renault Clio pointe en tête, suivie par les Peugeot 208 et 308. Renault a vu ses livraisons croître de 5,2%, grâce à ses véhicules frappés du losange (+8,1%) tandis que sa marque "low cost" Dacia a décroché de 5%. PSA, dont les immatriculations ont crû de +4,2%, peut remercier Peugeot (+7,3%) tandis que Citroën est resté quasi stable (+0,8%) et que DS a cédé 4,7%.
L'électrique juste sous 1% Dans un contexte défavorable aux moteurs au gazole, entre l'affaire Volkswagen et des annonces des pouvoirs publics sur le resserrement de la fiscalité avec l'essence, les voitures diesel ont encore perdu du terrain en 2015 et ne représentent plus que 57,2% du marché contre 63,9% en 2014. Les automobiles à essence ont convaincu 38,6% des acheteurs (33% en 2014). Parallèlement, les voitures dites "vertes" ont continué à grignoter des parts l'année dernière: les hybrides sont passés à 3,2% de pénétration (+0,8 point) tandis que les autos 100% électriques, encouragées par le gouvernement, ont atteint 17.266 unités, soit 0,9% des immatriculations contre 0,6% en 2014, selon le CCFA. Des performances "plutôt encourageantes", pour M. Neuvy, "dans un contexte du prix du pétrole extrêmement faible". Parmi les grands gagnants de l'année en France figurent les groupes "premium" allemands: Mercedes, grâce à Smart, a vu ses ventes bondir de 19,1%, et BMW (avec Mini) de 15,3%. "On voit bien que le marché des marques +entry+ (moins chères NDLR) est plutôt à la baisse, ceux qui s'en tirent le mieux en pourcentage sont les premium, alors que les marques généralistes suivent le marché", analyse M. Belorgey. A noter aussi la bonne santé du groupe Hyundai (+17,1%) et de Fiat (+13,9%) qui touche les dividendes de ses 4x4 urbains dont Jeep. Le groupe Nissan, partenaire de Renault, progresse de 9,5% sur l'année, tandis que son rival Toyota est à +8,5% et conserve de justesse la cinquième place du classement en volume, derrière Ford (+7,5%). Seul dans le rouge, General Motors (-1,7%) souffre toujours de la disparition de Chevrolet en Europe. La question pour 2016, selon M. Neuvy, sera de savoir si les particuliers vont reprendre véritablement le chemin des concessionnaires, alors que les ventes aux entreprises ont représenté la moitié des volumes de 2015. Cet expert dit tabler sur une croissance de 3,1% cette année. M. Belorgey, de son côté, prévoit une année "correcte" de "légère croissance" pour l'automobile en France même si pour lui, "on ne rééditera pas les 6,8%" de 2015.