L'Union africaine veut jouer un rôle-clé dans le processus de résolution de la crise en Libye, aux côtés de l'ONU qui, jusque-là, lui refuse de travailler avec son émissaire dans ce pays. Plusieurs chefs d'Etat africains se réuniront aujourd'hui dans la ville congolaise Oyo, dans le cadre du comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye, pour tenter de faire avancer le processus politique dans ce pays ravagé par neuf années de guerre civile. Outre l'évaluation de la situation en Libye, les présents à cette rencontre discuteront surtout du rôle que l'UA peut jouer, s'estimant jusque-là écartée et marginalisée, devant certains pays directement responsables de l'aggravation du climat de violences à Tripoli. "Je suis optimiste sur la prochaine étape qui verra une meilleure coopération entre l'UA et l'ONU dans le processus de paix en Libye", a-t-il déclaré à la presse à la veille de la première réunion du groupe de contact de l'UA sur la Libye. Le diplomate algérien a rappelé que les leaders de l'UA se sont mis d'accord pour un "rôle plus important" de l'organisation panafricaine sur la scène diplomatique. Ils ont convenu d'associer l'UA aux pourparlers politiques libyens de Genève et de préparer le déploiement sur le terrain d'une commission conjointe pour surveiller le cessez-le-feu en cas d'accord entre les deux belligérants. M. Chergui a expliqué à l'APS que cela a eu lieu lors d'une réunion tenue en marge du 33e sommet de l'UA à Addis Abeba, entre le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, et le président du comité de haut niveau de l'UA sur la Libye, Denis Sassou N'Guesso. Ce neuvième sommet de l'UA sur la Libye intervient une semaine seulement après la démission surprise de l'émissaire spécial du SG de l'ONU pour la Libye, Ghassane Salamé, officiellement pour des raisons de santé, selon ses dires. Cette démission constitue un signal fort de l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix en Libye, mis à mal par la poursuite des violences dirigées par le général Khalifa Haftar contre le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj, établi à Tripoli, et internationalement reconnu. Selon le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, aucune avancée notable n'a été réalisée dans le processus de paix depuis le dernier sommet du comité de haut niveau de l'UA sur la Libye. Il a souligné à ce propos que le premier cycle des pourparlers politiques libyens, tenu fin février à Genève, n'a pas connu d'avancée, contrairement au discours optimiste de l'ONU qui a maintenu ces discussions malgré la défection d'une grande partie des acteurs libyens, qui ont émis de nombreuses réserves sur leur déroulement et les personnalités choisies par l'ancien émissaire Salamé pour assister à différentes réunions.