Le militant politique Karim Tabbou quittera sa cellule carcérale le jeudi 26 mars prochain. La présidente de la section correctionnelle près le tribunal de Sidi M'hamed l'a condamné à une année de prison ferme dont six mois avec sursis et une amende de 50 000 DA. Le verdict, tombé hier à 11h30, n'a pas vraiment surpris le public présent dans la salle d'audience ni le collectif de défense de Karim Tabbou. Ces derniers s'attendaient à une peine qui couvrirait, au mieux, la période de la détention préventive, 5 mois et demi jusqu'à ce mercredi. Lors du procès, ouvert le 4 mars dernier, le parquet avait requis une peine de 4 années de prison ferme assortie d'une amende de 200 000 DA. Les 120 avocats, qui se sont constitués dans cette affaire, ont plaidé la relaxe déconstruisant une accusation fondée sur des preuves légères et relevant des vices de forme dans les procédures de l'arrestation, de l'interrogatoire par la Police judiciaire et de la garde à vue. Le coordinateur de l'Union démocratique et sociale, parti politique non agréé (UDS), a été jugé sur la base de trois chefs d'inculpation : "Atteinte à l'unité nationale", "Incitation à la violence et à attroupement non armé" et "Atteinte au moral de l'armée". Les avocats ont regretté ce verdict jugé lourd pour des accusations non prouvées. "Karim Tabbou est un vieux militant politique. Il n'a commis aucun crime condamnable par la justice. Il a été poursuivi pour ses positions politiques", a déclaré Me Mustapha Bouchachi. Les robes noires n'ont pas confirmé, néanmoins, avec certitude l'information relayée toute la matinée sur les réseaux sociaux : le fourgon cellulaire transportant Karim Tabbou de la prison de Koléa vers le tribunal de la rue Abane-Ramdane a fait l'objet d'un accident de la circulation. Elles s'en sont tenues au constat visuel. Le militant politique, qui est effectivement apparu dans le box des accusés avec un pansement sur le nez, avait des difficultés à se mouvoir. Aux abords du Palais de justice, dont l'accès a été interdit au public, une foule importante s'est massée pour soutenir le détenu d'opinion. Le rassemblement s'est transformé en une marche, sur une courte distance, après le prononcé du verdict. "Assa, azekka, Karim yella yella" ; "Libérez Tabbou, libérez les détenus", "Nous n'abandonnerons pas"… Pour rappel, l'ancien premier secrétaire du FFS (2007-2010) a été mis, le 25 septembre dernier, sous contrôle judiciaire dans une deuxième affaire instruite par le parquet du tribunal de Koléa. Placé sous mandat de dépôt, le 12 septembre 2019, par le juge d'instruction de ladite juridiction pour "atteinte au moral de l'armée", Karim Tabbou a été remis en liberté provisoire le 25 septembre par la chambre d'accusation près la Cour de Tipasa. Le lendemain matin, il a été à nouveau arrêté à son domicile et présenté devant le procureur de la République puis le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, lequel a ordonné sa mise en détention préventive.