Selon Me Abdelghani Badi, le dossier comportait des vices de procédure en la forme qui auraient plutôt plaidé pour une mise en liberté provisoire. La chambre d'accusation près la Cour d'Alger a rejeté, hier, l'appel interjeté par le collectif de défense, confirmant ainsi le renouvellement du mandat de dépôt du militant politique Karim Tabbou, pour une deuxième période de quatre mois. Selon Me Abdelghani Badi, le dossier comportait des vices de procédure en la forme qui auraient plutôt plaidé pour une mise en liberté provisoire. La logique de la loi n'a visiblement pas prévalu. L'instance judiciaire n'a pas encore tranché, néanmoins, sur l'appel du parquet quant au renvoi du dossier auprès de la section correctionnelle du tribunal de Sidi M'hamed. Selon les avocats du coordinateur de l'UDS (Union démocratique et sociale, parti non agréé), la chambre d'accusation déboutera, probablement, l'action du procureur de la République, comme il en a été pour Fodil Boumala et Samir Belarbi. D'autant qu'une prolongation de la phase de l'instruction ne se justifie nullement, à leur avis. Ils s'attendent, en conséquence, à la programmation du procès de Karim Tabbou, dans les semaines, voire les jours à venir. Pour rappel, l'ancien premier secrétaire du FFS et ancien député est en détention préventive à la prison de Koléa depuis bientôt quatre mois et demi. Il a été arrêté une première fois le 10 septembre 2019 et placé, deux jours plus tard, sous mandat de dépôt par le tribunal de Koléa. Il a été accusé de "participation en temps de paix à une entreprise de démoralisation de l'armée". Après deux semaines d'incarcération, la chambre d'accusation près la Cour de Tipasa a statué favorablement sur la demande de remise en liberté provisoire, introduite par ses avocats, et l'a astreint au contrôle judiciaire. L'homme n'a pas eu le temps de profiter pleinement de sa nouvelle condition. Le lendemain matin, il a été arrêté à nouveau à son domicile par des policiers en civil, puis présenté immédiatement devant le juge d'instruction près le tribunal de la rue Abane-Ramdane. Ce dernier l'a renvoyé à la maison d'arrêt de Koléa. Pour cette seconde fois, il a été poursuivi pour "incitation à des actes de violence dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale" et "atteinte à l'unité nationale". Dès l'émergence du mouvement citoyen, Karim Tabbou n'a eu de cesse de fustiger le régime et d'œuvrer à son démantèlement, à telle enseigne qu'il a gagné la sympathie de ses compatriotes. Depuis qu'il est en détention, les manifestants réclament, chaque vendredi, sa libération autant que celle des autres détenus d'opinion.