Cinq dossiers liés à la grosse corruption dans lesquels sont poursuivis un Premier ministre, d'anciens ministres et de hauts cadres de l'Etat seront rouverts par la justice. Après une première vague d'anciens responsables gouvernementaux et hauts cadres de l'Etat, d'autres anciens ministres sont attendus, dans les prochains jours, devant la Cour suprême. Cette dernière rouvrira, à l'occasion, d'anciens dossiers liés à de gros scandales de corruption. Selon un communiqué rendu public hier par le procureur général près la Cour suprême, la plus haute juridiction va rouvrir le dossier de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil dans le dossier lié à la société Brown and Root Condor (BRC), cette joint-venture créée dans les années 1990 entre Sonatrach et l'américaine Anadarko. L'ancien ministre de l'Energie et des Mines, qui se trouve actuellement aux Etats-Unis où il réside, ainsi que ses amis, dont l'ancien P-DG de Sonatrach Abdelmoumène Ould-Kaddour, sont poursuivis pour "la conclusion de contrats contraires aux dispositions législatives et réglementaires, détournement, dilapidation et usage illégal de deniers publics et bénéfice du pouvoir et de l'influence des agents d'instances pour augmenter les prix, outre le bénéfice injustifié d'exonérations et d'abattements de taxes et impôts". Mais les deux principaux responsables concernés, à savoir Chakib Khelil et Ould-Kaddour, se trouvent à l'étranger. L'autre dossier de corruption qui sera exhumé est celui lié à la société canadienne SNC-Lavalin. L'affaire est liée notamment à la conclusion du marché pour la fourniture de la centrale électrique de Hadjret Ennes, à Tipasa. Là aussi, Chakib Khelil est accusé en compagnie de son successeur Noureddine Bouterfa, ancien P-DG de Sonelgaz, au moment des faits. C'est cette entreprise qui a conclu le contrat avec la société canadienne. Les deux anciens membres du gouvernement sont poursuivis pour "acceptation, de façon directe ou indirecte, d'indus avantages et leur octroi à autrui pour services rendus lors de l'exercice de leurs fonctions" et "octroi volontaire à autrui de privilèges injustifiés lors de la conclusion de contrats, d'accords, de marchés et d'avenants, contraires aux dispositions législatives et réglementaires, à l'occasion de la préparation et de l'entame de négociations pour la conclusion et l'exécution de marchés publics et de contrats au nom de l'Etat et des institutions publiques économiques", indique la Cour suprême. Outre Chakib Khelil, un ancien proche d'Abdelaziz Bouteflika sera appelé, lui aussi, à la barre. Abdelhamid Temmar, ancien ministre de l'Industrie, est poursuivi pour "conclusion de contrats contraires aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur en vue d'accorder d'indus avantages à autrui, dilapidation de derniers publics et leur utilisation illicite à son profit ou au profit d'autrui ou d'une autre entité, exonération ou abattement illégal d'impôts et taxes, abus de fonction et négligence manifeste entraînant la perte de deniers publics", dans l'affaire de la vente de l'entreprise publique Batigec à une société belge qui la revendra, plus tard, à la société Condor. L'autre ‘icône' de la galaxie Bouteflika, qui sera également appelée à répondre des accusations d'"infractions aux dispositions législatives et réglementaires, par l'octroi d'indus avantages à autrui lors de la passation de marchés publics, dilapidation de deniers publics et abus de fonction", est Houda-Imane Faraoun. Elle est soupçonnée d'implication dans des marchés contractés par Algérie Télécom et sa filiale Mobilis avec un fournisseur chinois et dans l'affaire de l'installation des cabines téléphoniques en faveur des frères Kouninef. Pour la première fois depuis le début des procès d'anciens ministres, Djamila Tamazirt, ex-ministre de l'Industrie dans le gouvernement Bedoui, est poursuivie pour une affire liée à la vente de la minoterie de Corso, à Boumerdès, à l'homme d'affaires Amar Benamor qui se trouve en prison. De son côté, Karim Rahiel, ancien ministre et directeur de cabinet du Premier ministre, sera jugé, en compagnie d'Abdelmalek Sellal, dans l'affaire de l'homme d'affaires Hocine Metidji, qui se trouve actuellement en prison pour d'autres dossiers. Il en sera de même pour l'ancien ministre du Commerce Mohamed Benmeradi.