Dans un rapport publié hier, l'Opep a revu "fortement à la baisse" sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2020. Une réunion du comité technique conjoint Opep-non Opep (JTC) est attendue le 18 mars prochain, selon des déclarations des ministres de l'Energie de la Russie et du Kazakhstan, en vue d'examiner l'évolution du marché pétrolier. La Russie, deuxième producteur mondial de pétrole, y sera présente. "Le dialogue se poursuit avec l'Opep et nous allons envoyer un représentant à la réunion du comité technique conjoint prévu à cette date", a affirmé hier le ministre russe, Alexandre Novak, ajoutant que la situation du marché pétrolier "n'était pas stable à cause de la propagation du coronavirus". Pour sa part, le ministre algérien de l'Energie, Mohamed Arkab, a appelé, hier, les pays membres de l'Opep et leurs alliés "à réunir les experts du JTC pour analyser les conditions actuelles du marché pétrolier dont l'équilibre entre l'offre et la demande est totalement rompu, à cause de l'épidémie de coronavirus". En parvenant à programmer une réunion de travail de son comité technique, l'Opep+ tente de reprendre la main et de regagner rapidement du terrain dans des marchés totalement perturbés et dont les prix dévissent. L'or noir vit, en fait, une période où les marchés sont très volatiles et sans direction affirmée. Après avoir amorcé un rebond, mardi, la journée d'hier (mercredi) s'annonçait plutôt bien et, en Asie, les deux contrats de référence, light sweet crude (WTI) et le Brent de la mer du Nord, s'affichaient en hausse. Mais la tendance s'est par la suite inversée, les deux contrats étaient passés au rouge. Ainsi, le baril de WTI cédait 2,22% à 34,01 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord perdait 1,99% à 36,94 dollars. Cette tendance s'est ainsi infléchie, vraisemblablement après l'annonce de l'Aramco, le géant pétrolier saoudien, de relever encore sa capacité de production maximale de pétrole d'un million de barils par jour, pour la porter à 13 millions. L'Arabie saoudite, mais également les Emirats arabes unis, deux alliés majeurs au sein de l'Opep, accentuent en réalité la pression dans la guerre des prix pétroliers qu'ils livrent à la Russie, en annonçant qu'ils "pourraient inonder" les marchés mondiaux d'or noir. Cela a douché les espoirs des producteurs et des investisseurs. Ces derniers, après avoir connu leur pire lundi depuis la première guerre du Golfe, en 1991, restent dans le flou le plus complet. Ils ne savent pas quoi faire ! Même le ton conciliant de la Russie, qui a esquissé un geste explicatif, en déclarant pouvoir ouvrir la voie à un accord plus large sur la production de brut dans le monde, et en affirmant qu'elle prendra part à la rencontre du 18 mars, n'a pas permis, pour l'heure, de rassurer les marchés et de stimuler la confiance des opérateurs. Tout porte à penser que les perturbations du marché prennent une tournure réellement grave et qu'il y a des raisons d'être pessimiste sur les perspectives. L'épidémie de coronavirus, apparue en Chine, est quelque chose d'imprévu. Elle rajoute de l'incertitude aux marchés qui étaient déjà surapprovisionnés, l'offre ayant pris encore de l'étoffe, face à une demande atone. Du reste, l'Opep, dans un rapport publié hier, a revu "fortement à la baisse" sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2020, sous l'effet associé du "ralentissement" économique et de "l'extension" hors de Chine de l'épidémie de coronavirus. Elle prévoit désormais une croissance de la demande à "60 000 barils par jour (mb/j)", relevant qu'au vu des derniers développements, les risques de "détérioration surpassent" les indicateurs positifs et laissent entrevoir de "plus amples révisions à la baisse" de la croissance de la demande.