Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) et le Centre des jeunes dirigeants algériens (CJD), accompagnés par une dizaine d'organisations professionnelles et patronales, tirent la sonnette d'alarme sur la situation des PME en difficulté. Dans un plaidoyer remis au Premier ministère, aux ministères concernés et à la Banque d'Algérie, ces organisations alertent que la crise économique que vit le pays depuis 2014 s'est aggravée durant l'année 2019 au point de mettre les entreprises, en particulier les plus petites d'entre elles, les PME, en sérieuses difficultés de trésorerie. La baisse de la commande publique et le blocage de certains budgets ont entraîné des crises de liquidités en cascade. De nombreuses entreprises ont été contraintes à la réduction, voire à la cessation d'activité, ce qui se manifeste par des compressions d'effectifs. Care estime, sur la base des chiffres de l'emploi de l'ONS et des déclarations de baisse d'activité des différents représentants des secteurs économiques, les pertes potentielles d'emplois entre 714 000 et 1 490 000, essentiellement dans le secteur privé. Compte tenu de l'urgence de la situation, les signataires du plaidoyer proposent plusieurs mesures. Certaines sont à mettre en place rapidement et d'autres, nécessitant des changements réglementaires, pourront être mises en place à moyen terme. Concernant les mesures à mettre en place rapidement, les organisations signataires du plaidoyer plaident pour la mise en place d'un moratoire fiscal et parafiscal pour les entreprises en difficulté. "Face à la situation de très grande faiblesse de leur trésorerie et de leur activité en baisse, nous proposons la mise en place d'un moratoire fiscal et parafiscal à destination des entreprises en difficulté selon la définition de la LF 2017 art 90 et celles pour lesquelles les difficultés sont imminentes sans attendre nécessairement la cessation de paiement", lit-on dans le document. Les organisations professionnelles et patronales suggèrent, aussi, le rééchelonnement de la dette des entreprises en difficulté. "Nous demandons aux banques de proposer le plus largement possible un rééchelonnement de la dette sur des périodes en rapport avec la situation de crise dans laquelle se trouve l'entreprise. Les banques pourraient maintenir le paiement des intérêts durant la période de réaménagement de l'échéancier du crédit sans application de pénalités de retard", indiquent les organisations signataires. Ces dernières appellent, également, à l'abrogation de l'article 23 de l'instruction n°74-94 du 29/11/1994 de la Banque d'Algérie, limitant les lignes de découvert bancaire à 15 jours de chiffre d'affaires du bénéficiaire. Cette instruction, souligne-t-on, "pénalise fortement les entreprises et en particulier celles qui sont en difficulté". Les signataires du plaidoyer demandent, par ailleurs, la suppression ou un aménagement de plusieurs mesures, une dizaine, les plus pénalisantes de la loi de finances 2020. Parallèlement aux mesures d'urgence, à moyen terme, les organisations professionnelles et patronales souhaitent faire évoluer le code de commerce avec la mise en place d'un régime de sauvegarde des entreprises en difficulté. Elles encouragent les autorités à revoir les mécanismes de protection proposés par la Cnac, en particulier le dispositif de chômage technique ou partiel. Enfin, dans le but d'encourager le retour à l'emploi et la création d'entreprise, il est nécessaire d'instituer rapidement un statut d'auto-entrepreneur ou de microentreprise qui constitue une excellente amorce à l'émergence de futures PME. Les signataires du plaidoyer appellent à la mise en place effective de l'activité de factoring qui représente un levier de financement important pour la PME.