À défaut d'un communiqué commun, chaque parti a réagi séparément à la situation. Le coronavirus a-t-il fini par avoir raison du consensus au sein des forces du Pacte pour l'alternative démocratique ? En réunion lundi à Alger, ce regroupement des partis de la mouvance démocratique (PT, RCD, FFS, PST, UCP, MDS) plus la Laddh n'a pu parvenir à s'entendre sur un communiqué commun. À l'origine des divergences : l'attitude à prendre vis-à-vis des méthodes à adopter pour poursuivre la lutte, dans ce contexte exceptionnel de propagation du coronavirus qui menace la santé des Algériens. Il faut dire que dans ce contexte — que le pouvoir ne manquera pas, aux yeux des animateurs de ce regroupement, d'exploiter pour étouffer le mouvement — l'attitude à prendre s'avère des plus "délicates". Faut-il maintenir la mobilisation au risque de mettre en péril la santé des Algériens ? Faut-il opter pour d'autres moyens de lutte ou alors appeler à la suspension de la mobilisation et qui pourrait s'avérer opportune pour le pouvoir afin de continuer de pourchasser les militants et justifier des entraves supplémentaires aux libertés, déjà mises à mal ? Même la crise que vivent certains partis, à l'image du FFS, engagé dans une laborieuse opération de rassemblement de ses rangs et dans lequel une frange n'a pas apprécié sa présence dans ce regroupement, semble avoir contribué à l'absence d'un consensus. Signe du malaise : à défaut d'un communiqué commun, chaque parti a réagi séparément à la situation. Dans un communiqué signé par son premier secrétaire, le FFS a appelé non pas à suspendre les marches, mais à "transformer la formidable ‘révolution' (…) en une nouvelle prouesse collective et patriotique face au péril sanitaire qui nous guette". Il appelle à la poursuite de la "révolution" sous d'"autres formes". Pour sa part, le RCD exhorte les citoyennes et les citoyens, ainsi que les forces vives du pays à "mettre en avant et à privilégier toutes les solidarités horizontales (…)". Tout en mettant en garde le pouvoir contre la poursuite de la répression et des arrestations, le RCD annonce qu'il décide de "se conformer aux avis unanimes des scientifiques pour suspendre sa participation à toutes les activités qui peuvent être un vecteur de propagation du Covid-19 (…)". Aussi, appelle-t-il à d'autres moyens de lutte avec les autres acteurs dont, par exemple, "vider les rues du pays une fois par semaine". Quant à la Laddh, elle appelle à la "suspension temporaire des marches populaires (…)". "Les restrictions prises pour répondre au virus doivent être motivées par des objectifs légitimes de santé publique et ne doivent en aucun cas être utilisées pour étouffer les libertés", met en garde la Laddh. Enfin, le PT estime que les citoyennes et les citoyens "sauront dégager l'attitude à adopter face à cette situation pour la poursuite de la mobilisation pacifique révolutionnaire". Rejetant "tout recours à la répression", le PT rappelle que les "consignes sanitaires devant être respectées par les citoyennes et les citoyens (…) doivent émaner exclusivement des autorités sanitaires compétentes habilitées".