Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a "réitéré ses appels à la plus grande prudence avec laquelle il convient de poursuivre le retrait de la Minuad, afin de préserver les acquis et d'éviter la rechute et le vide sécuritaire". L'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) s'est inquiétée de nouveau de la décision de l'ONU de revoir son déploiement militaire au Soudan, qui inclut une baisse de sa présence militaire dans la région du Darfour. Dans un rapport publié lundi soir, coïncidant avec la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU qui devait se tenir hier (mais annulé pour cause de pandémie de coronavirus), l'ONG affirme que "la proposition des Nations unies et de l'Union africaine (UA) de limiter le rôle protecteur de l'ONU au Soudan menace la sécurité des civils au Darfour", une province qui a vécu la guerre durant le règne de l'ancien président déchu Omar al-Bachir. "S'il décide d'autoriser le déploiement d'une nouvelle mission de l'ONU pour la totalité du Soudan, le Conseil de sécurité devrait y inclure des unités de police armées qui auraient la capacité de protéger les civils, des militaires de maintien de la paix capables de réagir rapidement à des menaces lorsqu'elles se présenteraient, ainsi que des équipes mobiles de surveillance des droits humains basés au Darfour", a affirmé Human Rights Watch, expliquant que "le Darfour n'est pas comme les autres régions du Soudan", selon Kenneth Roth, directeur exécutif de HRW. "Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait reconnaître que le Darfour nécessite un retrait beaucoup plus graduel et maintenir une présence sécuritaire sur le terrain afin de protéger les civils de manière active. Les violences passées dans cette région, et celles qui s'y produisent encore, font que les civils ne peuvent faire confiance aux seules forces de sécurité soudanaises et ont encore besoin de militaires de maintien de la paix pour leur protection", a-t-il insisté. De nombreuses violences intercommunautaires continuent d'endeuiller les populations locales depuis la chute de l'ancien régime d'al-Bachir. Le retrait des troupes de maintien de la paix de l'ONU de certains camps a laissé place à l'implantation de certains groupes d'autodéfense, dont les dépassements parfois meurtriers contre des populations isolées sont régulièrement rapportés par des ONG et responsables locaux. Pourtant, les autorités intérimaires à Khartoum avaient demandé à l'ONU de reporter le retrait de la mission conjointe de maintien de la paix de l'ONU et de l'UA au Darfour (Minuad), en vain. "À El Geneina, au Darfour occidental, des affrontements ont éclaté entre membres des communautés arabe et masalit en décembre 2019, six mois après que les forces de la Minuad eurent évacué leur base dans ce secteur", a rappelé HRW, précisant que "des groupes armés arabes, dont des membres des Forces d'appui rapide, un groupe paramilitaire soudanais, ont attaqué un camp de personnes déplacées et tué des dizaines d'habitants, dont des enfants, violé des femmes et des filles, détruit des écoles et incendié des maisons, mettant en fuite des dizaines de milliers de personnes". Les déplacés vivent toujours dans des écoles, avec un minimum de moyens de subsistance.