Jamais les personnels soignant et aide-soignant du CHU Sâadna-Abdennour et des structures hospitalières de Sétif, à l'instar de leurs confrères des quatre coins du pays, n'ont vécu une aussi grande pression. Ils disent que les conditions de travail sont défavorables. Une petite virée dans les structures du chef-lieu de wilaya montre à quel point leurs conditions de travail pèsent sur leur état de santé et leur moral. Mohamed, technicien supérieur en soins généraux exerçant au CHU Sâadna-Abdennour, nous a indiqué que les conditions de travail ne sont pas réunies. "Tout le monde connaît les conditions dans lesquelles nous avons toujours travaillé, cependant l'épidémie du Covid-19 a encore une fois mis à nu la gestion hasardeuse et irresponsable du secteur en mettant en avant les dysfonctionnements du système de santé", dira notre interlocuteur. Et de renchérir : "Nous manquons de tout. Nous n'avons ni gants ni masques, et parler de gel hydroalcoolique et autres produits désinfectants est une chimère." Par ailleurs, d'autres professionnels de la santé sont unanimes à dire que l'absence de certains professeurs dans les services est totale. "Cela fait plusieurs jours que l'absence de certains professeurs est constatée. Ils ne viennent plus. Nous avons senti qu'ils fuient leurs services. Ils ont peur d'affronter le personnel en déprime et laissent les infirmiers et les généralistes et quelques spécialistes seuls face aux malades et leurs parents", nous dira un médecin généraliste, qui a tenu à souligner l'absence de formation et d'information. "Pour nous informer, nous avons recours aux journaux et aux réseaux sociaux. Je peux vous affirmer qu'outre le manque de consommables, la communication est le parent pauvre dans la gestion de cette ‘crise' qui peut tourner au drame." "Même au CHU, nous entendons plusieurs sons de cloche qui sont souvent contradictoires, au point où nous ne savons plus à quel saint nous vouer." Notre interlocutrice, une soignante, fait allusion au port de bavette et de gants. En effet, au moment où des chefs de service insistent sur la nécessité du port de la bavette et des gants, d'autres soutiennent mordicus que cela ne protège en aucun cas d'une contamination.