Selon des praticiens et des pharmaciens, cette pénurie de gants est due aux lobbies du médicament et des produits parapharmaceutiques qui tentent de casser l'industrie locale. Les professionnels de la santé qui sont en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, lancent un appel aux autorités algériennes pour l'amélioration de leurs conditions de travail soulignant le manque de matériel de protection face au virus qui sévit dans le monde. Ces praticiens de la santé qui en ont gros sur le cœur citent les masques, le gel hydroalcoolique et les gants qui ne sont plus disponibles dans les pharmacies des hôpitaux. Même son de cloche chez les pharmaciens privés que nous avons approchés sur le sujet et qui évoquent une rupture de stock. Notons que pour les bavettes et le gel hydroalcoolique, les professionnels peuvent se débrouiller. En effet les masques médicaux peuvent être fabriqués dans des ateliers de confection et pour le gel, des spécialistes conseillent de le remplacer par le savon et le lavage des mains plusieurs fois. Les gants chirurgicaux stériles et les gants d'examen, sont, quant à eux, irremplaçables. Utilisés par les soignants et les non-soignants, ils sont nécessaires durant cette période et même hors épidémie. Un chirurgien que nous avons interrogé ne comprend pas cette pénurie de gants. "Nous avons, en Algérie, une usine qui fabrique des gants chirurgicaux stériles et des gants d'examen qui répondent à toutes les normes mondiales", dira-t-il. Pour mieux cerner le problème des gants, nous avons contacté le fabricant qui assure que l'usine tourne 24h/24 et que le stock peut subvenir aux besoins nationaux et même à l'exportation. "Pour les gants chirurgicaux, nous fabriquons, actuellement, 55 millions de paires par an et nous pouvons aller jusqu'à 90 millions. Les besoins du marché algérien se situent entre 18 et 20 millions de paires, de ce fait, nous pouvons donc non seulement subvenir aux besoins du marché algérien, mais aussi exporter", dira le directeur de l'usine, Hicham Chergui, qui ajoute que le produit est conçu selon les normes internationales. En effet, cette unique usine de fabrication de gants chirurgicaux en Algérie et en Afrique, IMGSA, est située à Oum El-Bouaghi. Elle est le fruit d'un investissement privé qui a débuté sa production en juillet 2016. D'une production annuelle de plus de 455 millions de gants en latex, soit 55 millions chirurgicaux et 400 millions d'examen, notre interlocuteur précise que "nous couvrons à 100% les besoins nationaux en gants chirurgicaux et nous pouvons augmenter nos capacités de production". Le personnel, à 100% algérien, maîtrise la technologie. Pour le docteur Mamri, chirurgien orthopédiste, ces gants sont très efficaces et très pratiques. Mais, apparemment, cette production locale n'est pas du goût des lobbies du médicament. Selon des praticiens et pharmaciens, cette pénurie de gants est due aux lobbies du médicament et des produits parapharmaceutiques qui aimeraient casser ce genre d'industrie algérienne. "Comment expliquer les appels à l'importation au moment où la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), seul organisme public habilité à approvisionner les hôpitaux en médicaments, a stoppé ‘temporairement', les achats des gants chirurgicaux de cette usine ?", s'interroge un pharmacien. En dépit des orientations du président de la République portant sur la nécessité de favoriser la production nationale en stoppant les achats à l'étranger de produits fabriqués localement dans l'objectif de réduire la facture des importations, la pénurie de matériel de protection cache mal une volonté de revenir vers cette option sous la pression de certains lobbies. Les pouvoirs publics ne doivent pas ignorer cette réalité au moment où le pays a besoin d'orienter les devises nécessaires vers l'acquisition d'autres équipements comme les appareils et les kits de tests rapides, comme l'a noté un neurochirurgien.