Les prix du pétrole étaient en baisse hier alors que se poursuit le bras de fer entre l'Arabie saoudite et la Russie dans un contexte où la demande mondiale a été touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus. Hier, dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, valait 25,74 dollars à Londres, en baisse de 4,60% par rapport à la clôture de vendredi. À New York, le baril américain de WTI pour mai perdait 0,80% à 22,46 dollars. C'est dire que les cours sont de nouveau sous pression au moment où le bras de fer entre Riyad et Moscou se durcit. Les deux producteurs mondiaux se livrent ces jours-ci, une guerre des prix, après l'échec des négociations entre les membres de l'Opep et leurs alliés afin de réguler l'offre de l'or noir au début du mois courant à vienne (Autriche). Préoccupés par les prix qui s'enfoncent sous le seuil de la rentabilité des producteurs américains, le président des USA a proposé sa médiation jeudi dernier. Mais les investisseurs doutent de sa capacité à convaincre les deux antagonistes. Parallèlement à cette contrainte, la consommation mondiale a connu une baisse à cause des mesures prises par les pays dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. L'Arabie saoudite et la Russie cherchent à défendre, chacun, suivant sa stratégie, leurs propres intérêts, sans tenir compte du prix du baril nécessaire pour la stabilité du marché. L'Arabie saoudite peut supporter le niveau actuel des prix du pétrole, estime l'ancien vice-président de la compagnie saoudienne Aramco, Sadad Al-Husseini, dans un entretien qu'il a accordé au magazine français Le Point. La position de Riyad a engendré ainsi une guerre des prix, couplée à une volonté d'accroître la production future. Ces deux paramètres ont fait chuter lourdement les cours du brut à Londres et à New York. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a été contrainte de revoir à la baisse ses prévisions sur les cours d'environ 30% pour l'année 2020. L'AIE tablait dans son rapport daté du 11 février dernier, sur un prix moyen annuel avoisinant les 61 dollars durant l'exercice 2020 mais ce nouveau conflit entre les deux grands producteurs mondiaux l'a poussée à le réviser à environ 43 dollars le baril. La moyenne sur l'année 2019 était de l'ordre de 64,37 dollars. Les projections de l'agence font état de prix qui atteindront 37 dollars le baril au deuxième trimestre puis grimperont autour de 42,5 dollars au cours du second semestre pour terminer l'année à 45 dollars.