Le Fonds monétaire international a exhorté les gouvernements de la région à mettre rapidement en place des plans de sauvetage afin d'éviter une récession prolongée, une hausse du chômage et des faillites d'entreprises. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) devrait connaître une "forte baisse" de sa croissance économique cette année, plombée par la double pénalité, celle du nouveau coronavirus conjuguée à la faiblesse des prix du pétrole, a indiqué, hier, le Fonds monétaire international (FMI). La pandémie de Covid-19 a provoqué un ralentissement de l'activité économique mondiale mais aussi une baisse de la demande de pétrole, dont de nombreuses économies de la région dépendent fortement. "La région va probablement connaître une forte baisse de croissance cette année", a déclaré le directeur régional du FMI pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, Jihad Azour, dans un rapport. L'organisation basée à Washington a exhorté les gouvernements de la région à mettre rapidement en place des plans de sauvetage afin d'éviter une récession prolongée, une hausse du chômage et des faillites d'entreprises. M. Azour a indiqué qu'une dizaine de pays de la région — sans préciser lesquels — avaient déjà approché le FMI pour obtenir un soutien financier, ajoutant que l'institution se prononcerait sur ces demandes "dans les prochains jours". Avant la crise du coronavirus, le Fonds avait déjà considérablement réduit ses projections de croissance pour la région Mena en raison de la faiblesse des prix du pétrole, des troubles politiques dans certains pays ou encore des sanctions américaines contre l'Iran. Ces dernières années, la croissance annuelle dans la région a oscillé autour de 1% en moyenne. Mais "la pandémie du nouveau coronavirus est devenue le plus grand défi à court terme pour la région", a-t-il déclaré, avec le choc supplémentaire de la baisse de 50% des cours du pétrole depuis le début de la crise, également alimentée par une guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie. Les restrictions de voyage ont réduit la demande mondiale de pétrole et l'absence d'un nouvel accord de production entre les membres de l'Opep+ a entraîné une surabondance de l'offre. La baisse des recettes d'exportation affaiblira les positions extérieures et exercera des pressions sur les budgets publics, ce qui se répercutera sur le reste de l'économie. La pandémie nuit à des secteurs clés comme le tourisme, l'hôtellerie et le commerce, ce qui pourrait entraîner une hausse du chômage et des réductions de salaires, a ajouté M. Azour. Au-delà de ses effets sur la santé humaine, la pandémie de coronavirus provoque d'importants bouleversements économiques dans la région : une baisse de la demande intérieure et extérieure, une réduction des échanges, une interruption de la production, une baisse de la confiance des consommateurs et un resserrement des conditions financières. Ces chocs simultanés devraient porter un coup sévère à l'activité économique dans la région, au moins au premier semestre de cette année, avec des conséquences potentiellement durables, estime Jihad Azour. En janvier dernier, le FMI s'est montré, déjà, moins optimiste. Il évoquait une activité économique moins vigoureuse que prévu dans quelques pays émergents. Avec la pandémie de coronavirus, le FMI a prévenu que la récession mondiale pourrait être pire cette année que pendant la crise financière de 2008.