Le passage de l'Algérie au stade 3 de la pandémie n'a pas été sans conséquence sur l'organisation et le fonctionnement de certains services sanitaires, à l'instar de la médecine du travail. En effet, le ministère de la Santé vient de décréter, dans une nouvelle instruction, le redéploiement des missions des médecins d u travail conformément aux nouveaux dispositifs de prévention et de protection en milieu de travail face à l'épidémie de Covid-19. Datée de mardi 31 mars, l'instruction a été adressée aux directeurs des établissements hospitaliers pour compléter les précédents dispositifs de lutte contre la propagation du coronavirus. Il s'agit d'un ensemble de "consignes" adressées aux services de médecine du travail pour se réorganiser au vu du nouveau contexte de crise sanitaire. Ces services sont ainsi appelés à s'acquitter, outre des tâches habituelles de contrôle médical, d'autres missions liées à la protection de la santé des travailleurs pour pouvoir assurer la continuité "du service public et le maintien des activités vitales des institutions publiques et des entités économiques". Se référant aux dispositions du décret exécutif 20-69 du 21 mars 2020, le ministère de la Santé précisera que ces spécialistes devront désormais s'acquitter du "rôle privilégié de conseiller". Ils sont ainsi tenus "de relayer prioritairement les consignes, les règles d'hygiène, les messages de prévention de la tutelle auprès des employeurs et des travailleurs, tout en s'inspirant des différents dispositifs de surveillance et d'alerte au Covid-19". Devant l'ampleur de la situation épidémiologique, ils assumeront aussi d'autres tâches de vulgarisation et de sensibilisation à l'importance des mesures habituelles d'hygiène, notamment en matière de lavage des mains et de désinfection. Ils doivent également sensibiliser au respect des mesures de distanciation sociale par les travailleurs. Dans le même registre, ces "nouveaux" conseillers tâcheront de préconiser l'aménagement "d'une zone de courtoisie d'un mètre dans les entreprises ou les institutions où les contacts entre les travailleurs sont prolongés, tout en observant la règle d'éloignement, d'au moins un mètre, entre les bureaux". Les médecins du travail devront également veiller au respect des mesures préventives annoncées par le gouvernement, notamment celles liées à "la suspension de toutes les activités de groupe, des formations, des séminaires, des colloques, en organisant, en cas de nécessité, des réunions par vidéoconférence". Ils doivent aussi "sensibiliser les employeurs et les employés au port des équipements de protection individuelle et d'apporter l'information nécessaire quant à l'utilisation des masques de protection FFP2". Sans pour autant abandonner leur tâche ordinaire de suivi médical des travailleurs, ils sont appelés à se redéployer. "Les visites médicales périodiques peuvent être reportées dans la majorité des cas, sauf celles qui sont jugées indispensables. Les visites spontanées sont maintenues pour prodiguer les conseils nécessaires par la nouvelle situation sanitaire. Les visites de recrutement et de reprise doivent être maintenues. Les actions habituelles en milieu de travail sont reportées, excepté celles ayant trait à une enquête d'accident grave ou mortel." Au sujet de la gestion des demandes de congé exceptionnel, le médecin du travail devra être associé à la "détermination" des employés porteurs de maladies chroniques ou de ceux qui présentent une vulnérabilité médicale, éligibles au congé exceptionnel.