En plus de vouloir contrôler la provenance, la destination et surtout la qualité des produits offerts, les autorités semblent être soucieuses du respect de la dignité des citoyens qui reçoivent les dons. Depuis le début de la crise sanitaire, les Algériens découvrent chaque jour des actions de solidarité envers les régions éloignées et les populations confinées. Les œuvres de charité proviennent autant de patrons d'entreprises privées, de particuliers que d'associations. Mais à fur et à mesure que les actions se multiplient, les autorités craignent que la situation ne leur échappe. Elles ont décidé d'intervenir. Ainsi, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a demandé, dans une instruction envoyée aux walis et aux autres responsables, "à l'effet d'assurer les meilleures conditions d'encadrement et de gestion des dons issus de l'élan de solidarité exprimé par les particuliers, les opérateurs économiques ainsi que par diverses parties intéressées, aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'étranger", indique un communiqué des services du Premier ministre. Cette instruction, adressée dimanche, concerne autant les dons offerts en Algérie que ceux en provenance des Algériens établis à l'étranger. Ces dons "seront orientés vers les postes consulaires et diplomatiques qui auront pour mission de recenser ces dons et d'arrêter les modalités de leur acheminement après en avoir informé le ministère des Affaires étrangères", précise le document du gouvernement. Pour ceux effectués en Algérie, le gouvernement spécifie les "dons en nature" qui doivent être recensés et stockés. Leur distribution devra se faire sous l'autorité des walis, précise le communiqué, qui ajoute que les dons médicaux doivent être "acheminés vers la pharmacie centrale des hôpitaux qui en assurera le stockage et la comptabilité sous la supervision du ministère de la Santé". Pour la destination, le Premier ministre demande à ce que les dons aillent "en priorité au profit des familles nécessiteuses préalablement identifiées au moyen du dispositif initié sous le contrôle des ministères de l'Intérieur et de la Solidarité nationale et associant les comités locaux installés conformément à l'instruction du Premier ministre précédemment émise à cet effet". En plus de vouloir contrôler la provenance, la destination et surtout la qualité des produits offerts, les autorités semblent être soucieuses du respect de la dignité des citoyens qui reçoivent les dons. Le gouvernement veut ainsi interdire la diffusion des images liées à ces opérations de solidarité. "(…) Partant du constat que la distribution des dons en nature renvoie parfois des images attentatoires à la dignité des citoyens nécessiteux en provoquant des regroupements aussi anarchiques que dangereux pour leur santé, les walis ont été instruits en vue de sensibiliser les autorités locales, ainsi que toute la chaîne de solidarité impliquée à l'effet de bannir ce genre de pratiques", écrit ainsi le Premier ministre. Si la majorité des actions de solidarité se font dans le respect des bénéficiaires, certains responsables n'hésitent pas à s'exhiber en train d'effectuer des dons. Ils n'hésitent pas à exposer des citoyens démunis.