La baisse en question serait mise en place pour une période initiale de deux mois (mai et juin). L'Opep+ compte ensuite ramener la baisse de sa production à 8 millions de barils par jour jusqu'en décembre, puis à 6 millions de barils par jour entre janvier 2021 et avril 2022. L'accord a été long à se concrétiser mais les producteurs de pétrole ont finalement réussi à s'entendre. Surmontant leurs divergences, l'Opep avec son chef de file, l'Arabie saoudite, et ses partenaires habituels de l'Opep+, emmenés par la Russie, se sont mis d'accord, jeudi soir, sur une réduction de leur production d'environ 10 millions de barils par jour. L'objectif étant d'enrayer la chute des cours du brut provoquée par la pandémie de coronavirus. Pour mémoire, la plus importante baisse de ce type remonte à la crise financière de 2008, quand l'Opep avait réduit son offre de pétrole de 2,2 millions de barils par jour. Dans un communiqué diffusé à l'issue d'une réunion de ses pays membres par visioconférence, l'Opep+ a précisé que la baisse de 10 millions de baril par jour de sa production serait mise en place pour une période initiale de deux mois (mai et juin). L'Opep+ compte ensuite ramener la baisse de sa production à 8 millions de barils par jour jusqu'en décembre, puis à 6 millions de barils par jour entre janvier 2021 et avril 2022. L'accord sera valable jusqu'au 30 avril 2022, cependant, l'extension de cet accord sera réexaminée en décembre 2021. Le communiqué précise, enfin, que l'Opep+ se réunira le 10 juin 2020 pour déterminer d'autres actions, si nécessaire pour équilibrer le marché. En clair, l'accord proposé est une réduction de 22% de la production des 10 pays de l'Opep non exemptés de quotas (c'est-à-dire l'Opep sans l'Iran, le Venezuela et la Libye) et de leurs 10 partenaires de l'Opep+, soit un total de 10 millions de barils par jour. L'effort sera supporté principalement par l'Arabie saoudite et la Russie, deuxièmes et troisièmes producteurs mondiaux derrière les Etats-Unis, qui retrancheraient chacun près de 2,5 millions de baril par jour sur une production de référence lissée à 11 millions de barils par jour. Une référence en-deçà de leur production récente. L'Arabie saoudite a atteint ces derniers jours 12,3 millions de barils par jour (mais 10,15 millions de barils par jour sur le mois de mars complet) et la Russie a produit 11,294 millions de barils par jour en mars. Les 5 autres millions de barils à retrancher seraient répartis entre les 18 autres pays de l'accord. La base de calcul pour les ajustements est la production pétrolière d'octobre 2018. Le communiqué ne mentionne pas la contribution d'autres pays producteurs à cette diminution de l'offre de pétrole sur le marché mondial. L'organisation espère, néanmoins, que les Etats-Unis, premier producteur mondial, et d'autres pays comme le Canada, la Norvège et le Brésil réduiront à leur tour leur production pour un total de 5 millions de barils par jour. Si elle se concrétise, cette diminution pourtant historique de 15 millions de barils par jour de l'offre mondiale ne représenterait que la moitié de la chute de la demande provoquée par la crise sanitaire en cours. L'arrêt d'une grande partie des activités économiques en raison de l'épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale. Des analystes évoquent une baisse de 25, 27, voire 35 millions de barils par jour de demande détruite à court terme. L'effervescence qui a animé le marché avant l'annonce d'un accord officiel, n'a pas eu raison du scepticisme des intervenants. Le baril de Brent, tombé le mois dernier à son plus bas niveau depuis 18 ans, a clôturé jeudi à 31,48 dollars, soit moitié moins que son prix fin 2019 et une baisse de 4,1% par rapport à la veille. Hier en fin de journée, le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, a indiqué être parvenu à un accord avec son homologue américain Donald Trump pour réduire la production de pétrole du pays, question qui bloquait un accord en gestation entre pays producteurs pour une baisse massive de l'offre. Il a précisé que son pays allait réduire ses pompages de 100 000 barils par jour (bj) et que les Etats-Unis allaient de leur côté diminuer les leurs de 250 000 bj supplémentaires par rapport à leurs engagements précédents pour compenser la part mexicaine.