L'Exécutif serait contraint de ressortir la planche à billets des cartons pour faire face aux besoins en financement de plus en plus croissants. Le gouvernement a annoncé, hier, avoir entrepris une démarche d'évaluation de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur l'économie. Cette évaluation passe par des consultations sectorielles associant les organisations patronales et les syndicats, rapporte l'agence APS, se référant à une note du Premier ministre. Les discussions tourneront autour "de la problématique de l'atténuation des effets induits par les mesures de prévention et de lutte contre le coronavirus, prises par l'Etat", ajoute l'agence de presse officielle. "L'effort commun devra s'orienter d'abord sur l'évaluation, par secteur d'activité, des impacts de la crise sanitaire sur la situation financière et de l'emploi des entreprises", ainsi que sur "la prise de mesures pour la survie des entreprises impactées et la préservation de l'outil de production et de réalisation", souligne ladite note. Il s'agit ainsi de tenir des tripartites sectorielles, réunissant les ministères et les partenaires sociaux qui doivent faire des propositions dans le but de mettre en place un dispositif de soutien aux entreprises fragilisées par la crise sanitaire. Les premières mesures destinées à atténuer l'impact du Covid-19 sur les entreprises se rapportaient essentiellement, faut-il le rappeler, à des dispositions d'ordre fiscal et bancaire. L'administration fiscale avait annoncé, dès début avril, quatre mesures fiscales, à savoir le report de certaines déclarations fiscales, la reconduction du report de paiement du premier acompte provisionnel IRG/IBS, l'accès aux échéanciers de paiement pour les contribuables en difficulté et la suspension de l'imposition des bénéfices non affectés. Il y a une semaine, la Banque d'Algérie avait, à son tour, levé le voile sur une série de mesures "exceptionnelles" en faveur des entreprises affectées par le Covid-19. Il s'agit de lever le pied légèrement sur les règles prudentielles afin de permettre aux banques de faire face à la situation tendue qu'entraîne le ralentissement de l'activité économique des suites de la propagation du coronavirus. Les dispositions de la Banque d'Algérie prévoient le report du paiement des tranches de crédit, arrivant à échéance, ou le rééchelonnement des créances de la clientèle, ayant été impactée par la conjoncture sanitaire. Pour permettre aux banques de renforcer leurs capacités de financement, la plus haute autorité monétaire préconise la réduction du seuil minimum du coefficient de liquidité, tout en dispensant les banques de l'obligation de constitution du coussin de sécurité. De prime abord, la Banque d'Algérie évolue dans la bonne direction, mais ses mesures risquent d'être insuffisantes pour faire face aux dégâts du Covid-19. L'assouplissement des règles prudentielles pour permettre aux banques de renforcer leurs capacités financières serait insuffisant à l'heure où le niveau des liquidités bancaires vire à nouveau au rouge. En effet, le niveau général des liquidités bancaires est reparti à la baisse en 2019 après une croissance due essentiellement à la production monétaire entamée fin 2017. Selon les données statistiques contenues dans le document du plan d'action du gouvernement, examiné et validé par le Parlement, les liquidités bancaires à fin 2019 sont de l'ordre de 1 101 milliards de dinars, alors que les statistiques disponibles de la Banque d'Algérie les situaient à plus de 1 557 milliards de dinars, une année plus tôt. L'Exécutif devrait ressortir la planche à billets des cartons pour faire face aux besoins en financement de plus en plus croissants, alors que la crise sanitaire touche de plein fouet l'économie nationale. Les mesures fiscales et la levée partielle des règles prudentielles s'avèrent d'ores et déjà insuffisantes face aux dégâts du Covid-19. Ali Titouche