Lancé dans l'objectif d'assurer tant bien que mal la continuité de l'enseignement face au confinement qu'a imposé la pandémie de coronavirus, le télé-enseignement n'a pas suscité l'engouement espéré auprès des étudiants de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a constaté le bureau du syndicat des enseignants de cette université, le Cnesto. Pour que cette alternative réussisse, a expliqué, d'emblée, ce syndicat dans une déclaration rendue publique hier, "il aurait fallu que l'accès à l'internet avec un débit satisfaisant soit assuré à tous, enseignants et étudiants". Or, déplorent les rédacteurs de la déclaration, "l'accès à l'internet est encore loin d'être universel, surtout dans les régions rurales". Pour eux, cet échec était d'autant prévisible que l'Algérie reste, rappellent-ils, "toujours abonnée aux dernières places du classement mondial en termes de débit, à savoir la 136e place en mars 2020". "Cette situation est non seulement une source de discrimination entre les étudiants qui ont accès à internet et ceux qui ne l'ont pas, mais elle égratigne le principe de la gratuité de l'enseignement, puisque pour pouvoir suivre les cours, un étudiant doit s'équiper d'un terminal, ne serait-ce qu'un Smartphone répondant aux normes internationales, et d'un abonnement internet, payés rubis sur l'ongle", a souligné ce syndicat des enseignants universitaires, estimant qu'il est nécessaire pour l'université de disposer d'une architecture informatique adéquate et d'une bibliothèque numérique pour ce faire. Mais, a-t-il regretté, "il se trouve que l'université, aujourd'hui, n'a même pas encore sa propre plateforme". Pis encore, a-t-il relevé, plus d'un mois après le lancement du télé-enseignement, sur une plateforme publique, prête à l'emploi, l'université n'a pas pu inscrire tous ses étudiants à cause de la centralisation de l'opération. Pour le Cnesto, la situation s'avère pénalisante à la fois pour les étudiants, qui ne peuvent accéder qu'aux cours mis en ligne en libre accès, et pour les enseignants, auxquels on impose de renoncer à leur droit de protéger leurs cours. Aussi, les cours sous forme de travaux pratiques, de stage sur le terrain ou de travaux dirigés, obligatoires, ne peuvent pas être assurés par télé-enseignement. Face à toutes ces contraintes, le Cnesto a jugé que le télé-enseignement ne pourra être qu'un moyen pour "maintenir une activité académique minimale". "Songer à remplacer l'enseignement présentiel est un pas que même les pays qui l'ont initié n'ont pas encore franchi, y compris dans ce contexte sanitaire mondial", a conclu le syndicat.