Critiqué par des organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de l'Homm e, le chef de l'Etat s'en défend et accuse certains journalistes, sans les citer, de travailler pour des intérêts étrangers. Pour sa quatrième rencontre avec des représentants de médias nationaux, tenue vendredi soir à Alger, le chef de l'Etat s'est montré agacé par les rapports des ONG, qui accusent les autorités de réprimer la liberté de la presse. "(…) La liberté d'expression existe et est garantie en Algérie", a martelé Abdelmadjid Tebboune, qui comme d'habitude, s'est référé au nombre de publications existant dans le pays et "qui ne paient même pas l'imprimerie et les impôts". L'existence de 160 publications est pour lui "une preuve" de "la diversité des médias". Mais il y a un bémol : le président de la République accuse des journalistes (sans les citer) de travailler pour des intérêts étrangers. "Tandis que certains journalistes commettent des erreurs par manque de formation ou d'expérience et œuvrent à les rectifier, d'autres en commettent délibérément en s'appuyant sur des parties étrangères", a-t-il fulminé. Pis, Abdelmadjid Tebboune a même pointé du doigt des journalistes qui seraient, selon lui, à la limite de l'intelligence avec des puissances étrangères. Il a évoqué le cas d'un journaliste "ayant été interrogé au sujet d'une forte déclaration sur l'Etat algérien et qui se dirige juste après vers les ambassades d'autres pays afin d'en rendre compte". "C'est à la limite de l'espionnage", a-t-il accusé avant de s'en prendre, en des termes durs, à l'organisation Reporters sans frontières (RSF) qui ne s'attaque "jamais à des pays qui n'ont même pas 5 journaux". Il estime en revanche que sans "liberté d'expression" on ne peut "pas avancer". La copie de la Constitution distribuée dans une semaine Toujours dans le volet politique, le chef de l'Etat a profité de cette rencontre pour annoncer sa décision de dévoiler, dès la semaine prochaine, le contenu de la mouture de la révision constitutionnelle. "Nous devons passer à la vitesse supérieure dans le changement politique en vue de parvenir à des institutions fortes et nouvelles de l'Etat algérien", a indiqué le chef de l'Etat qui ajoute avoir demandé à ses collaborateurs de "commencer la distribution" de la nouvelle mouture de "la révision constitutionnelle". Le texte sera soumis aux partis politiques, aux médias et aux personnalités nationales en vue de son enrichissement. En parallèle, il a souligné que le nouveau code électoral était en préparation, précisant qu'"une commission spéciale veille à son élaboration pour que l'Algérie ait d'ici la fin de l'année d'autres institutions solides". S'il n'a pas désigné clairement le hirak, le chef de l'Etat a réitéré son aversion face à "une minorité" qui continue de ne pas reconnaître le pouvoir actuel. "Je peux dire que près de 80% de la population est d'accord avec nous", a-t-il estimé tout en accusant des parties, sans les citer, de servir "des intérêts" qui "infiltrent" les mouvements sociaux. Malgré cela, le chef de l'Etat s'est engagé à satisfaire les revendications sociales des fonctionnaires mais "loin de la politique de l'achat des consciences". Il a promis ainsi de revoir les salaires des personnels enseignants mais dans "des délais raisonnables". "Je ne peux pas tout satisfaire tout de suite", a-t-il mis en garde. Il a également promis de poursuivre la politique de construction de logements sociaux. Augmentation graduelle des salaires des enseignants… Par ailleurs, Abdelmadjid Tebboune a mis en garde contre le relâchement dans le confinement. Il a menacé de "tout fermer" si l'ouverture des magasins, en cours, fait augmenter le nombre de contaminations au Covid-19. "La santé des citoyens passe avant tout", a-t-il insisté. Interrogé sur le sort de l'année scolaire, Abdelmadjid Tebboune a promis qu'il "n'y aura pas d'année blanche". "Le bac aura lieu", a-t-il promis tout en évitant de donner une date précise. Il a préféré laisser la définition du calendrier au ministère de l'Education nationale. Contrairement à la crise sanitaire, la crise économique ne semble pas faire peur à Abdelmadjid Tebboune. Selon lui, les pertes enregistrées dans la baisse des prix du pétrole est compensée par l'arrêt de la surfacturation qui "consommait 30% des recettes" de l'exportation. Il dit compter sur l'exploitation des métaux précieux et sur le développement d'une industrie de transformation des produits agricoles. Il a laissé entendre également que le recours à l'endettement extérieur pour des projets d'investissement était possible.