Malgré le confinement qui a motivé la décision des autorités judiciaires de différer tous les procès, hormis ceux concernant les citoyens privés de liberté, cette mesure pensée pour lutter contre la propagation du Covid-19 ne concerne pas, finalement, les activistes du mouvement populaire. Ainsi, elles tiennent en haleine ceux qui sont en attente de procès et refusent de traiter les dossiers de demande de remise en liberté. C'est le cas de Samir Belarbi et de Slimane Hamitouche dont le traitement des demandes a été ajourné, hier, au 21 juin par la Cour d'Alger. À Timimoun, les deux activistes, Yasser Kadiri et Ahmed Sidi Moussa, ont été présentés, avant-hier, devant le juge d'instruction du tribunal de la ville, qui a décidé de les mettre sous mandat de dépôt. Le procès des deux détenus Abdelkader Djabellah et Youcef Bouzina, qui devait se tenir, hier, au tribunal de Chlef, a été renvoyé au 20 mai. Il faut rappeler que le détenu Abdelkader Djabellah a été arrêté le 28 avril après avoir été convoqué par la police, et placé sous mandat de dépôt. Youcef Bouzina a vu son procès en appel, programmé hier, renvoyé. Youcef Bouzina a été placé sous mandat de dépôt le 23 avril dernier. Depuis le début du confinement, ce sont plusieurs dizaines d'activistes et de figures connues du mouvement populaire qui ont été, soit arrêtés, convoqués par les services de sécurité ou mis en détention préventive. Sur la Toile, les fidèles au hirak considèrent que le pouvoir se venge des manifestants maintenant que les manifestations publiques sont annulées pour parer à une probable propagation du coronavirus. "Dans d'autres pays, les pouvoirs publics ont décidé de libérer les détenus afin d'éviter la propagation du virus et chez nous, ils remplissent les geôles avec des manifestants pacifiques", a écrit un internaute. Par ailleurs, le tribunal de Boussaâda, à 68 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de M'sila, a reporté, pour la troisième fois, le procès des deux bloggeurs, Fares Guehiouche et Hamada Khatibi prévu pour hier, au 27 mai prochain, suite au refus des deux accusés d'être jugés à distance. Le juge avait proposé aux deux accusés un procès à distance, au titre des mesures préventives contre la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), mais ces derniers ont refusé la proposition, selon l'annonce faite durant cette audience, marquée par l'absence des accusés, en application de l'instruction du ministre de la Justice, dictée par la situation sanitaire que traverse le pays. Le juge a, également, refusé la demande de liberté provisoire émise par le collectif de défense des jeunes bloggeurs. À noter que Fares Guehiouche est poursuivi pour "outrage au président de la République" et Hamada Khatibi pour "diffusion de publications sur les réseaux sociaux qui pouvaient nuire à l'intérêt national". Les deux détenus ont été arrêtés lundi 13 avril dernier par des éléments de brigade de cybercriminalité de la police, suite à leurs publications sur les réseaux sociaux. Ils devaient être jugés en comparution immédiate, le mercredi 15 avril par le tribunal de Boussaâda. Le jugement avait été alors ajourné pour le mercredi 22 avril, puis reporté pour hier. Pour Me Bourhaneddine Airour, membre du collectif de défense, joint par téléphone, cette affaire ne mérite pas tout cet acharnement sur des jeunes qui ont simplement exprimé leur opinion. "Est-ce que la liberté d'expression est mise en confinement ?", s'est-il interrogé tout en rappelant que le collectif des avocats est toujours disposé à assister les prévenus et à œuvrer au respect des droits.