Cette nouvelle hausse des prix des carburants devrait rapporter au budget de l'Etat 25,5 milliards de dinars de revenus en matière de TPP, alors que les recettes budgétaires additionnelles en matière de TVA s'élèveraient à 3,6 milliards de dinars. Le projet de loi de finances complémentaire 2020 sonne le début d'un réajustement progressif des prix des produits pétroliers. En effet, les prix à la pompe des carburants devraient augmenter dès la mise en application de la loi de finances complémentaire de cette année, examinée et approuvée en Conseil des ministres, dimanche dernier. C'est la troisième fois que l'Etat révise à la hausse les prix des carburants depuis le choc externe de la mi-2014. L'essence normale passera ainsi à 41,32 DA/l, contre 38,94 DA/l actuellement, soit une augmentation de +6,1% (+2,38 DA/l), alors que l'essence super passe de 41,97 DA/l à 44,35 DA/l, marquant ainsi une hausse de + 5,7% (+2,38 DA/l). L'essence sans plomb coûtera en revanche 44 dinars le litre, contre 41,62 DA/l actuellement, soit +5,7% (+2,38 DA/l). La hausse la plus importante touchera les prix du gasoil, dont le litre passera à 26,63 DA/l, contre 23,06 actuellement, marquant ainsi une hausse de +15,5% (+3,75 DA/l). Le GPL continue, néanmoins, à être défiscalisé et dont le litre revient à 9 dinars au consommateur final. Cette nouvelle grille des prix, instituée par le projet de loi de finances complémentaire pour 2020, remet au goût du jour le projet de révision du dispositif des subventions généralisées, maintes fois repoussé au profit de quelques taxes appliquées sur les produits pétroliers importés et/ou produits localement. C'est la troisième hausse des prix des carburants à la pompe en un laps de temps de cinq ans seulement, après les augmentations de 2016 et 2018. Au lendemain du choc pétrolier de la mi-2014, l'Etat a décidé de lever le pied sur le soutien aux prix des carburants, de l'électricité et du gaz, une première depuis 15 ans. La TVA appliquée sur les produits pétroliers passe ainsi de 7 à 17%, provoquant des hausses en cascade ; le prix de l'essence normale grimpant à 28,45 dinars, le super à 31,42 dinars, l'essence sans plomb 31,02 dinars et le gasoil à 18,76 dinars le litre. Deux années après, le gouvernement revient à la charge pour une nouvelle augmentation des prix des carburants, prise en charge, comme à l'accoutumée, par un artifice fiscal introduit dans la loi de finances 2018, à savoir la hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP). Le prix de l'essence normale est passé ainsi dès janvier 2018 à 38,95 DA/litre, celui de l'essence super à 41,97 DA/litre, le prix de l'essence sans plomb à 41,62 DA/litre, tandis que celui du gasoil à 23,06 DA/litre. Comme en 2016 et 2018, l'Etat justifie cette hausse des prix par une "surconsommation énergétique" ainsi que par les besoins de sa rationalisation. La consommation des carburants (essences et gasoil) s'est chiffrée à 14,41 millions de tonnes en 2019, lit-on dans l'exposé des motifs justifiant la hausse des tarifs des carburants, rapportée par l'article 27 de la LFC 2020. "Comparativement aux prix appliqués à l'international, l'Algérie est classée parmi les pays pétroliers qui pratiquent des tarifs de carburants les plus bas, et ce, nonobstant les réajustements de prix introduits en 2016, 2017 et 2018", lit-on dans le projet de LFC 2020. "Dans le contexte actuel de chute drastique des prix du pétrole, l'Algérie à l'instar des autres pays exportateurs d'hydrocarbures est confrontée à d'importants et conséquents déficits budgétaires et de la balance des paiements, d'où la nécessité de réajuster les prix de l'énergie, ce qui aura pour conséquence la réduction des subventions budgétaires implicites et explicites y afférentes", souligne le projet de LFC 2020. Par cette hausse progressive des prix des produits énergétiques, le gouvernement a pour objectif de rationaliser la consommation des carburants, augmenter les recettes fiscales, diminuer les subventions budgétaires et lutter contre le trafic. Cette nouvelle hausse rapporterait au budget de l'Etat 25,5 milliards de dinars de revenus en matière de TPP, alors que les recettes budgétaires additionnelles en matière de TVA s'élèveraient à 3,6 milliards de dinars. Sans nul doute, cette nouvelle hausse des prix à la pompe se traduirait, mathématiquement, par d'autres augmentations, dont les tarifs des transports, les prix de certains biens et consommables… avec, au bout de la chaîne, une probable hausse du taux d'inflation.