Le Pr Mohamed Belhocine, membre du Comité scientifique, estime qu'un confinement total pour les jours de l'Aïd n'impactera pas durement le vécu des citoyens Le personnel soignant trouve en cette mesure, dans le cas où le gouvernement venait à la décréter, une solution viable pour éviter l'aggravation de la situation épidémique durant ces jours de fête où les conditions de multiplication de cas de contagion sont largement réunies. À quoi faudra-t-il s'attendre en cas de confinement total ? Qu'est-ce que cela impliquerait-il sur le quotidien des citoyens durant cette période ? Outre un "couvre-feu national", une mise en quarantaine stricte supposerait la fermeture totale des marchés, de tous les commerces et la réduction drastique de circulation à travers les 48 wilayas. Nos sources précisent que dans le cas où la proposition du Comité scientifique venait à être adoptée, le gouvernement prévoit des dispositions exceptionnelles devant assurer la continuité du service public de certaines activités dites vitales. Autrement dit, le gouvernement Djerad décrétera une mise en quarantaine qui n'impactera pas durement le quotidien socio-économique du citoyen. Pour les professionnels de la santé, les contraintes de cette mesure, devraient être moins douloureuses que les conséquences de la contamination au Covid-19. Dr Zetal Amel, maître- assistante à l'hôpital d'El Kettar, joint sa voix à ceux qui appellent à aller vite vers le couvre-feu général. Le dispositif actuel de confinement est jugé partiellement insuffisant et inefficace durant l'Aïd. Pour l'infectiologue d'El Kettar, "le relâchement et la baisse de vigilance des citoyens sont derrière la reprise des contamination ces derniers jours". "On constate que le nombre de cas positifs a repris depuis au moins cinq jours, par rapport à il y a dizaine de jours où c'était vraiment clame dans le service. A présent, pas moins de 40 patients positifs sont hospitalisés au niveau d'El Kettar", précise-t-elle. Les personnels soignants engagés dans la lutte contre la pandémie mesurent bien les bienfaits et les conséquences d'un confinement total. Pour le Pr Messaoudi Hacene, du CHU Mustapha-Pacha, soutient la proposition des experts du Comité scientifique et ce, en raison du manque de respect par la population des mesures barrières. "Dans le service de médecine interne du CHU Mustapha, le nombre de patients infectés ne baisse pas. On continue à recevoir au quotidien plusieurs cas positifs. Le confinement général contribuera du moins à ne pas encombrer les structures hospitalières", explique Pr Messaoudi Hacène. Par ailleurs, le Pr Mohamed Belhocine, membre du Comité scientifique, estime qu'un confinement total pour les jours de l'Aïd n'impactera pas durement le vécu des citoyens par rapport aux années précédentes. "Par tradition, les fêtes de l'Aïd impliquent déjà un arrêt socio-économique quasi-total au point où le citoyen se dit parfois irrité par la fermeture des commerces durant les fêtes. Cette réaction se comprend parce que ses besoins de base ne sont pas suffisamment satisfaits pendant les deux jours de l'Aïd. C'est dire que ce n'est pas la proposition de renforcement des règles de confinement qui va aggraver la situation. Par conséquent, cette mesure de confinement ne changera pas la donne comparativement aux précédents Aïd. D'ailleurs, on se rappelle que les pouvoirs publics intervenaient durant ces fêtes de l'Aïd pour rappeler aux professions concernées d'assurer la continuité de leur mission de service public". Sur le plan sanitaire, le Pr Belhocine précisera que le dispositif de confinement strict est proposé par définition pour endiguer l'épidémie qui continue de circuler dans la société. "La présente proposition devra contribuer à réduire le taux de reproduction de la maladie, c'est à dire la circulation du virus dans la société", soutiendra-t-il. En somme, nos interlocuteurs relèvent qu'un couvre-feu total sur le pays durant les jours de l'Aïd El Fitr serait bénéfique et salvateur pour la population dans une période, même courte, mais propice à la multiplication de réservoirs de contagion. Ils craignent après les fêtes de l'Aïd, un retour à la case départ après trois longs mois de lutte contre cette maladie. Le Pr Belhocine défend l'idée de couvre-feu total et national.;"Un Aïs sans confinement et au vu des visites et des contacts liés à la tradition, un sujet infecté et qui s'ignore (asymptomatique) pourrait contaminer jusqu'à 3 personnes autour de lui. Alors qu'un sujet qui respecte le confinement, ne pourrait contaminer qu'une personne ou moins d'une personne, autrement dit il ne contaminerait pas. Hormis les deuils ou les mariages, l'Aïd offre une opportunité de rencontrer beaucoup plus de personnes, de la famille proche, des amis, des voisins, que dans d'autres circonstances", précisera Pr Belhocine, avant d'enchaîner : "Dans un tel contexte, si on ne prend pas la précaution stricte, on va augmenter le taux de contamination en raison du nombre élevé de personnes qui ont des contacts entre elles.". Hanafi H.