Dévasté par plus de cinq ans de guerre civile, le Yémen est à présent exposé à des pénuries alimentaires "catastrophiques" en raison des problèmes d'approvisionnement causés par la pandémie de coronavirus, a averti hier l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Pour mesurer avec précision les risques humanitaires auxquels sera confronté ce pays, l'agence de l'ONU a rappelé que "même avant l'apparition de l'épidémie de coronavirus, la guerre avait déjà poussé le Yémen au bord de la famine". Pas moins de 16 millions de Yéménites – sur les 28 millions d'habitants que compte le pays – étaient déjà considérés comme en situation d'insécurité alimentaire à cause de la guerre civile, selon les chiffres de l'ONU. Avec l'arrivée du coronavirus dans un pays effondré et où le système de santé est obsolète et littéralement déstructuré, en plus de l'absence quasi-totale de l'information sur l'évolution du Covid-19, les pires scénarios sont prédits pour le pays. "Maintenant que la pandémie a interrompu certaines chaînes d'approvisionnement alimentaire et perturbé les aides étrangères, la situation est devenue encore plus grave. Le ralentissement économique mondial contribue lui aussi au problème, en provoquant une importante baisse des envois d'argent de la part des ressortissants yéménites qui vivent et travaillent à l'extérieur du pays", a expliqué encore la FAO, en précisant que "le système de santé (du Yémen) était déjà soumis à de fortes tensions, et il va être submergé si le Covid-19 continue à se propager", selon Abdessalam Ould Ahmed, sous-directeur général de la FAO et représentant régional de l'agence pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. La semaine dernière, l'ONG Human Right Watch a tiré également la sonnette d'alarme, alertant contre les scénarios les plus pessimistes pour le pays. "Les facteurs aggravants de l'épidémie au Yémen font craindre des ravages à venir. Car le coronavirus est venu s'ajouter aux autres maladies graves présentes et récurrentes dans le pays : choléra, dengue, rougeole. L'immunité de la population est très faible quand la majorité des gens mangent un repas par jour et que les enfants ne sont pas vaccinés", a estimé Jean-Nicolas Beuze, représentant du HCR. à tous ces facteurs aggravants, s'ajoute le contexte extrêmement incertain en raison des affrontements qui ont repris entre les belligérants. Les combats entre troupes pro-gouvernementales et forces séparatistes, qui ont proclamé le 26 avril dernier l'autonomie du Yémen du Sud, font rage depuis maintenant plus d'une semaine dans la province d'Abyane (sud). Rien que samedi dernier, au moins 14 combattants ont péri dans les deux camps, selon les recoupements de plusieurs médias.