En prison depuis le 24 août 2019, et après plusieurs reports, le procès de l'activiste Cherif Ghassoul a eu lieu, jeudi dernier, au tribunal correctionnel de Bordj Bou-Arréridj. Une peine de 5 ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA a été requise par le procureur de la République, pour "atteinte à l'unité nationale", "collecte de fonds étrangers pour exercice et promotion politique", "possession en vue d'exposition au public d'affiches à des fins de propagande" et "appel à la désobéissance civile". À l'issue de l'audience, qui s'est tenue en visioconférence, le président de la séance a renvoyé le verdict au jeudi 4 juin prochain. Pour rappel, Cherif Ghassoul, père de 4 enfants, a été arrêté le 24 août 2019 suite à sa réalisation d'un tifo géant appelant à la désobéissance civile. Il est poursuivi dans plusieurs affaires criminelles que le juge d'instruction avait classées mais le parquet avait fait appel. Le collectif de la défense composé de plusieurs avocats venus d'Alger, de Béjaïa, de Boumerdès, de Bouira, de Tizi Ouzou, de Sétif, de Batna… était présent et a plaidé pour la relaxe de l'activiste Cherif Ghassoul. "Nous dérangeons, mais nous sommes là", dira Me Nabila Ismaïl à sa sortie du tribunal, qui s'est demandée pourquoi cet acharnement contre les hirakistes. "Le policier, le juge, les activistes sont tous les fils du peuple. Pourquoi remonter le peuple contre le peuple ? Le pouvoir est en train de s'enfoncer. La justice est un pouvoir indépendant. Je remercie les magistrats qui se sont révoltés contre ce genre de dossiers conçus dans des commissariats. Ils ne sont même pas ordonnés par le parquet. Ils veulent frapper le hirak mais malheureusement pour eux, cela va donner un effet contraire. Il faut rester pacifique et ne jamais sortir de cet esprit. Nous allons continuer le combat pour un Etat civil et une justice indépendante", a-t-elle lancé, tout en rappelant que Cherif Ghassoul a contracté plusieurs maladies durant son séjour en prison, dont le diabète et l'asthme. De son côté, le député démissionnaire Khaled Tazaghar, qui était dehors avec un groupe de hirakistes venus de plusieurs régions du pays pour soutenir Cherif Ghassoul, a clairement dénoncé les arrestations, les intimidations et les condamnations des hirakistes. "Nous sommes ici, malgré le coronavirus, contre la terre brûlée que le pouvoir veut imposer. Nous sommes ici pour soutenir tous les hommes libres et leur dire qu'ils ne sont pas seuls. Nous sommes tous mobilisés jusqu'au départ de ce régime", a-t-il lancé. Notons que des hirakistes et des sympathisants, venus de plusieurs wilayas du pays, se sont rassemblés, pendant des heures devant le tribunal, pour soutenir et demander la libération de Cherif Ghassoul, scandant les slogans habituels du hirak : "Libérez, libérez les détenus", "Libérez Cherif Ghassoul", "Libérez Karim Tabbou", "Algérie libre et démocratique", "Justice indépendante"… Chabane BOUARISSA