Skikda , Guelma : la presse conspuée La presse n'a pas été épargnée hier, à Skikda, lors de la traditionnelle marche du mouvement populaire. En slogans scandés ou en écriteaux, la presse, dans sa globalité, a été tantôt huée, tantôt accusée de tous les maux qui rongent le pays. «Il n'y a pas longtemps encore, les chaînes satellitaires se bousculaient pour filmer les marches des hirakistes, aujourd'hui, elles se bousculent pour satisfaire le pouvoir», dira un des jeunes hirakistes. Un autre jugeait qu'«une grande partie de la presse nationale omet volontairement de rendre compte du hirak et ne le traite même pas comme un événement factuel, comme si ces milliers de personnes n'avaient plus le droit à la citoyenneté». Le même traitement a été réservé à la presse à Guelma. Les hirakistes, ou du moins les porteurs de slogans et pancartes, n'ont pas fait dans la dentelle, hier. «Ya sahafa ya chiyatine !» (Presse lèche-bottes), ont-ils scandé de longues minutes à travers les rues et boulevards de la ville, habituellement empruntés. Un slogan choquant, pour certains observateurs, puisqu'il injure l'ensemble de la corporation des journalistes, mais encore, le hirak à Guelma renoue avec la violence verbale, malgré, pour rappel, ses engagements écrits de les bannir de son vocabulaire. Les choses se précisent aussi sur le plan appartenance idéologique à travers des pancartes où l'on pouvait lire «La liberté aux détenus depuis 1992» ou encore «Le 11 janvier 1992 est un renversement contre la légalité. Le hirak réclame la légalité». Voilà en somme le nouveau visage du hirak, ou du moins le message essentiel qu'il laisse entendre à Guelma. Khider Ouhab, Karim Dadci
Annaba : «Libérez nos frères détenus» Les manifestants de la wilaya de Annaba ne faiblissent pas, d'autant plus qu'un climat printanier a marqué ce 47e vendredi. En effet, une importante affluence populaire a investi, après la prière du vendredi, le Cours de la Révolution et ses alentours. Ils sont venus par centaines des quatre coins de la wilaya, pour insister fermement sur le départ de ceux qui restent de ce système, qui a fait subir aux Algériens les souffrances qu'on connaît. Les détenus du hirak, qui sont toujours en prison, ont été longuement évoqués par les protestataires à travers des revendications au mégaphone, appelant le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à les libérer sans condition aucune. «Libérez nos frères détenus !» et «Libérez les détenus d'opinion !» sont, entre autres, les slogans scandés par les marcheurs. Malheur aux partis FLN et RND, qui ont été décriés par les manifestants. Ces derniers scandaient à haute voix : «FLN dégage !» «RND dégage !» «Klitou lebled ya sarakine !» (Vous avez pillé le pays, espèce de voleurs). L'ambiance était comme d'habitude festive, où les femmes tout autant que les enfants ont parsemé les foules avec les couleurs des emblèmes portés sur les épaules. M.-F. G. Sétif : Pour un nouveau mode de gouvernance Des centaines de hirakistes reviennent à la charge pour le 47e vendredi à Sétif, où la mobilisation des activistes demeure intacte. Appelant à la mise en place d'un nouveau modèle de gouvernance, les manifestants exigent la libération sans aucune condition de tous les détenus d'opinion. Sillonnant les principales artères, avant de s'arrêter à proximité du siège de la wilaya, les contestataires, suivis de près par un cordon de sécurité discret mais omniprésent, ne font pas confiance au régime, faisant encore et toujours dans le clientélisme. Intervenant 48 heures avant le Nouvel An amazigh, la marche d'hier s'est distinguée à Aïn Fouara par les récurrentes doléances sur des pancartes et banderoles exprimant clairement les attentes d'une frange de la population ne voyant toujours pas le bout du tunnel. «Le rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés ne se fera pas uniquement sur la base des bonnes intentions qui ont fait leur temps. On attend du concret. On ne descend pas dans la rue pour le plaisir de narguer X ou Y, mais pour crier haut et fort que l'Algérie nouvelle ne se fera pas sans le peuple, tenant plus que jamais son destin entre les mains», révèlent des hirakistes enthousiastes comme au premier jour. Kamel Beniaiche Tébessa : le combat se poursuit Comme la semaine écoulée, quelques baltaguia ont fait leur intrusion dans la foule pour perturber la marche des manifestants, mais les hirakistes les ont chassés. Encore une fois, les citoyens de Tébessa sont sortis pour le 47e vendredi afin de montrer leur détermination à maintenir la mobilisation jusqu'au changement radical du système et le départ de tous les symboles de l'ancien régime. Ils étaient plusieurs dizaines de manifestants à braver le froid. Ils ont marché dans la grande rue du Pavillon scandant «O ya îssaba intikhabt zawartouha w raissekoum mahouch charai w el massira nakamlouha !» (Ô la bande, vous avez truqué les élections et votre Président est illégitime et nous continuerons notre mouvement). «Nous ne reculerons pas, nous sommes déterminés à poursuivre le combat», dira un jeune activiste. «Etat civil pas militaire !» tel était le slogan écrit sur la majorité des pancartes portées par les manifestants qui réclament que la volonté du peuple soit respectée.Samir Lakehal
Jijel : l'Etat civil au centre des revendications Certes, ce n'est pas la grande mobilisation des importantes dates du hirak, mais les manifestants se comptaient par milliers ce vendredi à Jijel, à l'occasion de la 47e marche populaire rythmée par le slogan revendiquant un «Etat civil et non militaire !» qui n'a pas pris une ride depuis 11 mois. L'épisode des dernières élections n'a pas encore été oubliée, la foule continuant de crier : «Tebboune mzaouar jabouh el askar, makanche chari'ya !» (Tebboune a été ramené par les militaires : il est illégitime). Les détenus politiques n'ont pas été oubliés par la foule qui a scandé «Libérez les détenus, ils n'ont pas vendu de cocaïne !» Pour les autres slogans, on entendra «Remettez le pouvoir au peuple !» «Libérez l'Algérie !» «Y en a marre des généraux !» Arrivés à la rue des Moudjahidine, les manifestants ont rendu un vibrant hommage à Abdehamid Mezreg, un militant du hirak qui vient de disparaître. Fodil S. Biskra : «Pour la libération des activistes du hirak» Déterminés à ne pas déroger à la règle établie depuis le 22 février 2019 de manifester chaque vendredi pour réclamer pacifiquement l'établissement d'un nouveau système politique, les hirakistes de Biskra se sont rassemblés, hier après-midi, sur la place de la Liberté du centre-ville pour scander des slogans en faveur de l'instauration d'un «Etat civil et non militaire !» et réclamer, à gorges déployées, la libération de Mohamed Amine Benalia et de Lazhar Yaiche Tammam, dont les effigies ont été brandies et placardées un peu partout, a-t-on constaté. Pour rappel, ces deux jeunes, dont l'un est un universitaire interpellé pour avoir tenté de perturber le meeting d'un candidat à la présidentielle et l'autre pour ses activités sur Facebook, sont actuellement en détention provisoire jusqu'au jour de leur procès prévu le 19 janvier. Hafedh Moussaoui BORDJ BOU ARRéRIDJ : une marche sous haute surveillance Un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis en place dans certains points sensibles, lors de la manifestation d'hier, pour parer à d'éventuels débordements entre les pour et les contre la continuité des protestations, à l'instar de ce qui s'est produit lors des deux dernières marches. Malgré le froid, les marcheurs ont afflué par centaines pour battre le pavé et continuer, sans répit, à scander leurs revendications : «Presse libre et justice indépendante !» «Nous n'arrêterons pas notre mouvement !» «Khlassou lekrassa ya chiatine !» (Il n'y a plus de poste pour les lèche-bottes), entre autres slogans. La marche a pris fin devant le siège de la wilaya avant la dispersion de la foule. M. A.