Les différents intervenants ont proposé, grâce à des contributions traitant de thématiques liées au marché de l'art et écrites en langues française et anglaise, de porter un nouveau regard sur le domaine et ses inépuisables potentialités, qui en feraient, à l'image d'autres pays, un véritable moteur économique. Ce numéro du magazine digital trimestriel Ineffable, auquel prend part une pléiade d'écrivains, d'architectes, d'entrepreneurs et d'artistes, est consacré à la valeur économique de l'art, notamment en Algérie, à ses perspectives, à la situation des artistes ou encore aux raisons de l'inexistence d'un marché à proprement parler dans nos contrées. Les différents intervenants ont proposé, grâce à des contributions traitant de thématiques précises liées au marché de l'art et écrites en langues française et anglaise, de porter un nouveau regard sur le domaine et ses inépuisables potentialités, qui en feraient, à l'image d'autres pays, un véritable moteur économique. Dans l'éditorial d'Ahlem Kébir (fondatrice d'Ineffable), il est relevé que l'un des principaux freins au développement du marché de l'art algérien est l'approche désuète que nous avons encore de l'art et du patrimoine matériel plus particulièrement ; ce qu'elle appelle la "valeur de l'existence". Si, certes, des moyens et des efforts sont fournis afin de le préserver, à la longue et avec sa détérioration — nos salles de cinéma en sont le parfait exemple — il finira sous les décombres. En prenant l'exemple de la capitale, l'architecte et cofondactrice d'"Echappatwart", Nawel Aït Sâada, trouve qu'Alger est la ville de tous les paradoxes en ce qui concerne son potentiel économico-culturel. D'un côté, explique-t-elle, "elle regorge de divers attributs patrimoniaux naturels et culturels et offre un paysage architectural varié", mais "ce capital culturel (…) est en attente de prise en charge et d'intégration au projet d'Alger métropole. Et même si des projets de réhabilitation et de revitalisation sont menés, les résultats sont minimes". Cela est encore plus criant de vérité si l'on prend le cas de La Casbah, site patrimonial reconnu par l'Unesco, qui tombe pourtant en ruine, malgré les discours politiques et les déblocages financiers pour la restaurer. Malgré tout, la citadelle a réussi à se créer une microéconomie culturelle, et les touristes, étrangers ou locaux, les écrivains et les artistes s'y bousculent pour la découvrir ou s'en inspirer. Cependant, s'il l'on se réfère à l'analyse de l'écrivain Mohamed Abdallah, l'Algérie aurait un avantage sur le terrain du marché de l'art, redevable premièrement à sa jeunesse et aux réseaux sociaux, devenus une agora pour les artistes en tous genres. Il écrit : "On a également vu que les réseaux sociaux, s'ils posent certains problèmes, peuvent aussi être des plateformes où les artistes partagent leurs créations et s'impliquent dans les changements de leur société." Il reconnaît que "ces tendances n'ont, pour l'heure, pas eu d'implications économiques", tout en ajoutant qu'"elles montrent l'importance que peuvent avoir les artistes algériens dans le destin de leur peuple". Pour le jeune romancier, "il est possible qu'une transformation du rapport à la culture soit plus facilement réalisable en Algérie que dans d'autres pays et qu'une vision collective attribuant plus de valeur à l'art puisse y apparaître aisément". À noter que ce numéro contient également un entretien avec le chanteur Djam, qui évoque les conditions de la vie d'artiste, notamment en Algérie, ainsi que deux articles en anglais sur la valeur de l'art et la place de l'artiste dans la société. Vous pouvez retrouver ce numéro sur le site : www.ineffable-dz.art. Yasmine Azzouz