L'intention exprimée par le gouvernement dans la première mouture du PLFC ne figurait nullement dans le texte soumis à l'appréciation des députés. Les dépenses de fonctionnement (hors masse salariale et hors transferts sociaux) baisseraient de 141 milliards de dinars, soit une diminution d'environ 3%, un chiffre avancé, mardi, par le ministre des Finances, Abderahmane Raouya, lors de la présentation du projet de loi de finances (PLFC 2020) à la Chambre basse du Parlement. L'intention exprimée par le gouvernement dans la première mouture du PLFC ne figurait nullement dans le texte soumis à l'appréciation des députés, l'Exécutif proposait une baisse de 50% du budget de fonctionnement. A-t-il fini par tempérer ses ardeurs ou bien a-t-il revu ses notes de calcul ? "En évoquant le fait qu'il allait réduire de moitié le budget de fonctionnement, le gouvernement ne cherchait en fait qu'un simple effet d'annonce. Une baisse de cette ampleur (50%), la mouture soumise à débat à l'assemblée, n'en prévoit pas", explique Houari Tigharsi, membre de la commission parlementaire des finances et du budget. "Je pense que le gouvernement s'était rendu compte qu'il ne devrait pas être possible de pouvoir diminuer le budget de fonctionnement dans des proportions aussi élevées que les 50% initialement proposés", estime-t-il. D'après lui, "l'Exécutif s'est ravisé, se disant qu'il aurait peut-être mieux fait de lever le pied de l'accélérateur et de ne pas procéder à des restrictions budgétaires trop contraignantes". Les dépenses budgétaires se situeraient à 7 372,7 milliards de dinars, dans le PLFC 2020, contre 7 823,1 milliards de dinars votés dans la loi de finances initiale. Ces dépenses se ventilent en 4 752,4 milliards de dinars en budget de fonctionnement et 2 620,3 milliards de dinars en dépenses d'équipement. Pour sa part, Mohamed Achir, enseignant-chercheur à l'université de Tizi Ouzou, souligne que "le gouvernement s'est rendu compte qu'il y avait une différence entre le calcul théorique sur le papier et ce qui est observable en réalité". Mohamed Achir explique que pour pouvoir mettre en pratique une baisse aussi marquée du budget de fonctionnement, il faudrait une "restructuration des dépenses allouées aux transferts sociaux. C'est à ce niveau-là que le problème se situe". L'Exécutif, poursuit-il, a ainsi "fait un choix politique, ne souhaitant pas y toucher, avant de penser à faire un choix économique". "On sacrifie l'économie pour des raisons politiques", résume-t-il. Brahim Guendouzi, économiste, déclare, quant à lui, que "le gouvernement aurait, a priori, abandonné la disposition qui prévoyait de réduire le budget de fonctionnement de 50%". "Je dis cela sous toute réserve, étant donné qu'aucune donnée chiffrée ou explication détaillée, relative aux comptes spéciaux et autres chapitres de dépenses, n'a encore été publiée, ou communiquée", nuance Brahim Guendouzi. Cela dit, l'idée de diviser par deux le budget de fonctionnement "ne paraît pas très rationnelle", note-t-il. De son côté, Souhil Meddah, expert financier, affirme que "cette coupe envisagée dans le PLFC 2020 n'était, en fait, qu'un simple effet d'annonce et qu'il ne s'agissait pas d'un réel engagement". Pour lui, "le budget de fonctionnement et celui d'équipement ne devraient pas beaucoup baisser". Est-ce possible dans la conjoncture actuelle ? L'expert pense que "le gouvernement pourrait, de nouveau, recourir à la planche à billets et reprendre le système keynésien, en injectant du capital public dans des projets d'équipement". Cela devrait, dit-il, "tirer vers le haut la croissance, car, on ne peut pas compter sur les start-up pour produire de la croissance à très court terme". La croissance économique prévue dans le PLFC serait négative et devrait s'établir à -2,63% contre une prévision initiale de 1,80% prévue dans la loi de finances 2020. La croissance économique hors hydrocarbures se situerait à -0,91% contre 1,78% dans la loi de finances initiale.