Dans une longue lettre adressée au ministre de la Santé, le Syndicat national algérien des psychologues demande l'ouverture d'une enquête contre ce qu'il considère comme un "abus d'autorité" exercée par la direction de l'EPH de Tipasa. Alors que l'histoire tragique de Wafa Boudissa, médecin à Ras El-Oued, est encore dans les esprits, une autre affaire d'abus d'autorité se révèle au grand jour à l'EPH de Tipasa et risque de faire une nouvelle victime. Il s'agit d'une psychologue clinicienne, testée positive au coronavirus, qui s'est vu refuser une demande de congé exceptionnel alors qu'elle y ouvre droit conformément à l'article 8 du décret exécutif promulgué le 21 mars dernier dans le cadre des mesures de lutte contre le Covid-19. Le Dr Nesrine Bouchouareb née Abdessamad est encore hospitalisée à l'isolement, avec son enfant de 10 mois contaminé également au coronavirus au niveau de l'établissement public hospitalier spécialisé (mère et enfant) Tidjani-Haddam de Tipasa. Cette professionnelle de la santé semble être une nouvelle victime de la non-application de la réglementation en vigueur en ces temps de crise sanitaire. Dans une longue lettre adressée au ministre de la Santé, le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy) demande l'ouverture d'une enquête contre ce qu'il considère comme un "abus d'autorité" exercé par la direction de l'EPH de Tipasa. Les responsables de l'établissement en question sont accusés d'avoir refusé "un congé légal à la psychologue, Mme Nesrine Bouchouareb, qui était affectée au service de médecine interne dédié au Covid-19 avant de tomber malade et d'attraper le coronavirus". Le bureau national du Snapsy a ainsi rappelé dans sa lettre, dont nous détenons une copie, que la psychologue a entamé plusieurs démarches auprès de la direction de l'hôpital pour bénéficier d'un congé exceptionnel stipulé expressément dans le décret signé le 21 mars par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad. "Nous avons le regret M. le ministre de la Santé de porter à votre connaissance l'affaire de Mme Nesrine Bouchouareb qui travaille comme psychologue clinicienne au niveau de l'EPH de Tipasa où elle a été contrôlée positive au coronavirus. Elle avait contracté cette maladie contagieuse mortelle en plein exercice de sa mission à l'hôpital. Elle a transmis ensuite le virus à son fils. Cependant, la psychologue avait introduit plusieurs demandes de congé parce qu'elle est prioritaire selon les textes de loi promulgués. Mme Nesrine Bouchouareb ouvre droit à ce titre de congé. Elle a un enfant en bas âge de 10 mois et elle souffre d'une maladie chronique (diabétique)", lit-on dans le document déposé au niveau des services du ministre de la Santé. Le président du Snapsy, Khaled Keddad, a tenu néanmoins à alerter les autorités sanitaires sur cet "abus d'autorité" pour éviter de revivre le drame de Ras El-Oued du médecin Wafa Boudissa enceinte de huit mois, décédée des suites d'une infection au coronavirus. Si "l'administration de l'EPH de Tipasa avait accédé à la demande de Mme Bouchouareb, la psychologue ne serait pas aujourd'hui hospitalisée à l'isolement avec son fils. Elle serait plutôt en train de s'occuper de son enfant comme le stipule la réglementation. Mais la direction de l'EPH a préféré fouler aux pieds les textes. En fait, ce virus mortel a failli tuer Mme Bouchouareb, comme la chahida Wafa Boudissa qui exerçait à l'hôpital de Ras El-Oued dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj", dénoncera encore Khaled Keddad. Pour sa part, Nassim Bouchouareb l'époux de la psychologue en question a tenu à condamner cet "abus d'autorité" dont est victime son épouse. "Mon épouse et mon fils Chahine sont toujours hospitalisés à l'EPHS mère et enfant de Tipasa depuis plus d'une semaine. Leur état de santé commence à s'améliorer avec l'aide de toute l'équipe médicale et paramédicale. Ma femme a attrapé le maudit virus en plein exercice de ses fonctions au niveau du service de médecine interne où elle était affectée, avant de le transmettre à notre fils", nous a pris hier à témoin Nassim Bouchouareb avant de reprendre la genèse de cette affaire qui a défrayé la chronique locale. "Mon épouse a vraiment galéré entre la directrice et la responsable du personnel à l'EPH de Tipasa. Ces dernières ont à chaque fois opposé un niet à sa demande de congé. Je suis moi-même parti voir ses responsables, mais en vain. Pas de congé. Alors que le cas de mon épouse est protégé par la loi", a conclu Nassim Bouchouareb, originaire de Hadjout.