Si le ministre de l'Habitat réaffirme son optimisme pour cette échéance, les experts y compris certains cadres de l'Etat, quant à eux, restent sceptiques. Le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme fonde l'essentiel de ses espoirs de réaliser le million de logements, projet cher au président de la République, d'ici à 2009 sur la concrétisation du programme réservé au logement social participatif (LSP). Pour le premier responsable du secteur, c'est un segment privilégié par le gouvernement qui table sur la réalisation de 215 000 unités dans ce plan quinquennal. Selon le ministre de l'Habitat, cette formule “marche très bien” et la contrainte des assiettes foncières est levée. Depuis le transfert des prérogatives de livraison des logements aux commissions de daïra, le nombre de logements LSP non livrés a été ramené à quelque 40 000 unités. “Un chiffre qui va baisser”, avait-il promis. L'objectif tracé par la tutelle pour la fin de l'année en cours a trait au lancement de quelque 250 000 logements dans les diverses formules. Concernant la faisabilité d'un tel engagement, le ministre persiste et signe : “Le plan quinquennal pour la construction de 1 million de logements est un engagement politique indiscutable.” Or, la réalité du terrain est toute autre. De l'avis même des cadres et fonctionnaires relevant du secteur, la réalisation de ces programmes, notamment les 215 000 LSP, 120 000 logements sociaux locatifs, 80 000 location-vente et 275 000 logements ruraux, d'ici à 2009 relève du domaine de l'impossible. Les experts et autres observateurs, très au fait du domaine, l'ont en outre confirmé. En effet, rares sont les chantiers qui ont connu une phase de démarrage effective à travers le territoire national. Hormis quelques rares wilayas, ce projet d'envergure piétine toujours. Si l'enveloppe financière existe puisqu'elle a été dégagée par les hautes autorités du pays, d'autres facteurs, en revanche, continuent à freiner la bonne évolution des choses. En premier lieu, l'on évoque la problématique du foncier qui n'arrive pas à être résolue. Les responsables locaux au sein des wilayas tardent encore à finaliser l'échéance consacrée aux transferts des terrains. Car, ils ne veulent plus refaire la même bêtise commise auparavant qui consiste à lancer un chantier sans acte de propriété… Une chose est certaine, les projets démarrent timidement. Ce n'est pas de l'avis du ministre de l'Habitat qui estime, au cours d'une rencontre à Alger, que plus de 100 000 logements ont été lancés durant le 1er semestre 2005. Selon le ministre, ce volume sera consacré, d'une part à la zone urbaine avec 57 385 unités dont 9 428 logements sociaux participatifs (LSP), et d'autre part, au milieu rural avec 51 115 unités. Il a précisé que sur les 108 500 logements lancés (chiffre exact avancé), 46 697 unités figurent dans le programme en cours alors que 61 683 autres sont inscrites dans le cadre du plan quinquennal de construction de 1 million de logements d'ici à 2009. En ce qui concerne la période 2004, le ministre a indiqué que les projets en voie de réalisation sont en augmentation de 66 759 unités. En réponse à la lancinante question du manque flagrant en assiettes foncières, le ministre a assuré la disponibilité totale de 94 000 hectares qui permettront l'implantation de 2,8 millions de logements, à raison de 30 logements par hectare. Il a, par ailleurs, annoncé qu'un effectif de 60 500 personnes travaillent dans les deux segments de chantier, dont le premier pour la réalisation de 11 787 unités de logements et le second pour 1148 chantiers de construction des équipements publics comme les lycées, les tribunaux et les universités. Pour atteindre les objectifs tracés pour les quatre années à venir, la tutelle n'hésite pas à recourir à la main-d'œuvre étrangère. Ainsi, sur les 11 000 chantiers ouverts dans le secteur, l'effectif des travailleurs algériens est de 608 000. Le recours à la main-d'œuvre étrangère, à l'instar des Chinois, des Egyptiens et des Turcs, s'impose pour faire face à l'importance du programme de l'habitat. Badreddine K.