Après plus de deux mois de fermeture dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus, les transporteurs et les commerçants de la wilaya de Tizi Ouzou, qui considèrent que leur situation est des plus intenables, ont décidé de tirer la sonnette d'alarme et de réclamer la reprise de leurs activités. Dans un courrier adressé, hier, au wali de Tizi Ouzou, les commerçants, par la voix de leur organisation syndicale, l'UGCAA, ont expliqué qu'il est désormais impossible pour eux de continuer à maintenir leurs commerces fermés. "Depuis le début du confinement de nombreux commerçants et artisans dont les commerces étaient fermés nous ont saisi pour nous informer qu'ils sont pénalisés par cette situation, surtout qu'ils doivent faire face à différentes charges dont les loyers, les impôts et les cotisations sociales. D'autres encore nous ont signalé qu'ils ont des employés qui n'ont pas travaillé depuis la fermeture des commerces et se retrouvent sans ressources et sans revenus depuis", lit-on dans le document remis au wali. Tout en insistant sur "la difficulté de la situation que vivent ces commerçants et artisans ainsi que leurs employés, dont des pères de familles, dont beaucoup n'ont pas eu de possibilité de déposer leur dossier afin de bénéficier de l'indemnisation accordée aux commerçants, et ce, à cause de l'éloignement et des délais", le bureau de l'Union générale des commerçants et artisans algériens à Tizi Ouzou demande au wali de trouver des solutions en urgence à cette situation difficile. Contacté, le secrétaire général de l'UGCAA, Samir Djebar, estime que des mesures d'allégement doivent êtres prises en urgence en faveur des commerçants. "Les mesures de protection doivent, certes, êtres respectées, mais il n'est plus possible de continuer comme ça. Les petits commerçants trouvent inconcevable de laisser ouverts les supermarchés qui drainent du grand public et exiger que de petits magasins d'habillement, de chaussures et d'autres ferment", a-t-il analysé non sans évoquer le drame quotidien auquel sont réduits les commerçants et les familles qui vivent de l'activité commerciale. "Des bijoutiers m'ont signalé qu'il y a de nombreuses familles qui viennent brader leurs bijoux de famille pour survivre", dit-il avant de s'interroger jusqu'à quand cette situation va perdurer. "Déjà les commerces autorisés à ouvrir sont asphyxiés. Il n'y a ni fêtes, ni émigrés, ni restaurants… on travaille avec de rares personnes de passage". De leur côté, les transporteurs de voyageurs de la région de Boghni ont observé, hier, un rassemblement devant le siège de la daïra locale pour réclamer la reprise de leur activité. Des représentants des transporteurs ont été reçus par le chef de daïra qui s'est contenté de leur rappeler que seules les hautes autorités du pays sont habilitées à prendre des décisions concernant cette situation. À noter que dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'exaspération des commerçants a fait que de plus en plus de commerçants sous le coup de la fermeture ouvrent leurs magasins tout en bravant l'interdiction encore en vigueur. "Nous préférons braver l'interdit que de mourir de faim", disent certains d'entre eux. Samir LESLOUS