Le mot d'ordre de grève générale de quatre jours lancé pour réaffirmer le rejet populaire de l'élection présidentielle du 12 décembre a été massivement suivi lors de sa première journée d'hier à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. La ville chef-lieu de wilaya s'est transformée tout simplement en une ville fantôme. Aucun secteur d'activité n'a été épargné par cette paralysie qui se veut une réponse cinglante de la population de Tizi Ouzou aux tenants de l'organisation de cette élection qui est unanimement qualifiée dans la région de "mascarade électorale". Une tournée dans les différents quartiers du centre-ville et de la Nouvelle-Ville nous a, en effet, permis de constater qu'aucun magasin n'avait levé rideau hier matin. Seules les pharmacies étaient ouvertes. Même les buralistes ont écoulé les journaux dans la matinée sans pour autant ouvrir les portes de leur magasin. Une situation qui, faut-il le souligner, n'a pas inquiété, outre mesure, la population locale qui s'est préparée à l'avance en constituant les réserves nécessaires de toutes denrées. Cela d'autant que le président de l'UGCAA à Tizi Ouzou a lancé un appel aux commerçants afin d'assurer un service minimum chaque jour à compter de 17h pour ne pas pénaliser davantage les habitants. Malgré les multiples appels lancés aux transporteurs afin d'assurer le service, le secteur des transports, public et privé, n'a finalement pas été épargné par la grève. À l'exception de quelques fourgonnettes assurant la liaison entre la Nouvelle-Ville et le centre-ville, aucun autre type de transport n'a assuré le service. Même le transport universitaire s'est mis à l'arrêt durant cette première journée. L'appel des syndicats autonomes à suivre le mot d'ordre de grève n'a pas été sans effet, puisqu'aucune école publique ou même privée, des trois paliers d'enseignement, n'a ouvert ses portes aux élèves. En tout cas même si leurs portes étaient ouvertes, ni les élèves ni les personnels n'étaient tentés de s'y rendre. Le même constat a été également fait concernant les autres secteurs. Ni les collectivités locales, ni les administrations publiques, ni encore les agences bancaires ou postales n'ont ouvert leurs portes. L'entrée du siège de la wilaya a été la seule ouverte de toutes les administrations publiques. Même le portail de la fantomatique représentation de l'Anie était fermé. Cette situation ne concerne, à vrai dire, pas la seule ville chef-lieu de wilaya, mais plutôt l'ensemble des chefs-lieux de daïras et de communes du territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. Une paralysie générale qui n'a, toutefois, pas empêché la poursuite de la mobilisation populaire dans la rue contre l'élection présidentielle. Ainsi, plusieurs marches ont été organisées dans la matinée d'hier à Tizi Ouzou, à Azeffoun et aussi à Bouzeguène.