Auditionné par la direction du MCA, Mohamed Merouani a affirmé que Nassim Saadaoui n'était pas son manager lors de son transfert en 2019. Cependant, les reponsables du Mouloudia ne sont pas enclins à ouvrir une enquête. Pourquoi ? Après avoir auditionné le joueur Mohamed Merouani dans l'affaire du transfert en janvier 2019 de l'ex-défenseur de l'ASO Chlef, la direction du MC Alger a visiblement décidé de classer le dossier. En effet, les responsables du Mouloudia estiment qu'à partir du moment où le joueur en question était consentant lors de la signature et qu'il a lu et approuvé son contrat, il n'y a pas lieu de créer une affaire qui n'existe pas en réalité. En revanche, si Merouani décide de porter plainte pour cette affaire, dans ce cas-là, le MCA aura son mot à dire. Enigmatique comme démarche dans la mesure où la direction du MCA avait là l'occasion idoine de lever le voile sur un véritable cas d'escroquerie. Rappel des faits. Le 15 janvier 2019, Merouani signe au MCA en provenance de l'ASO pour une indemnité de transfert évaluée à plus d'un milliard six cent millions de centimes. Présenté comme étant le manager de Merouani, Nassim Saadaoui empoche une prime de 100 millions de centimes. Or, entendu par la direction du MCA mercredi dernier dans le cadre de cette affaire, Merouani affirme qu'il ne connaît absolument pas le manager Nassim Saadaoui, alors que ce dernier figure bel et bien dans son contrat (Liberté en détient une copie). En matière de droit, cela s'appelle faux et usage de faux, falsification de document officiel, puisqu'une copie du contrat a été remise aux instances du football dans le dossier de qualification du joueur Merouani au MCA, et dilapidation de biens sociaux. Le contrat atteste que Merouani était assisté dans les discussions par Nassim Saadaoui, ce que le joueur réfute. L'on déduit alors que le nom du manager a été ajouté dans le contrat sans que le joueur soit au courant ou sans qu'il se rende compte avant d'apposer sa signature. Une telle entorse à la loi ne peut se faire sans le consentement de la direction du MCA de l'époque, incarnée par son ancien directeur sportif, Kamel Kaci-Saïd. D'ailleurs, Saadaoui ne s'en cache pas et confirme que c'est lui qui l'a placé au MCA sans qu'il le sache. "J'ai négocié directement avec les deux parties concernées, le MCA et l'ASO, sachant que Merouani était encore lié au club chélifien. C'est moi qui ai joué les intermédiaires, donc il est normal que je sois payé" (100 millions, ndlr), se défend-il. Le joueur a été transféré sans que le principal accusé soit mis au parfum. Un comble. C'est un abus de confiance puni par la loi et un abus d'autorité. Plus grave, selon la FAF, Saadoui a reçu son agrément d'activité comme manager en décembre 2019. Or, le contrat de Merouani date de janvier 2019, soit 11 mois avant. Au moment des faits, Saadaoui n'était pas encore été recensé dans la liste des intermédiaires de la FAF. C'est là une usurpation caractérisée de fonction, également punie par la loi sur le sport d'un emprisonnement de six mois à un an. Bref, autant d'éléments qui auraient pu amener la direction du MCA à ouvrir une enquête et porter éventuellement cette affaire devant la justice. Ce qu'elle ne veut pas faire pour des raisons obscures. Ce n'est pas la première que la presse révèle des cas de malversations flagrants au MCA. Deux audits ont été réalisés en 2012 et 2018 par la société mère, Sonatrach. Des documents truffés d'irrégularités mais qui ont été vite étouffés ! SAMIR LAMARI