La poursuite des violences est en porte-à-faux avec l'optimisme affiché par la mission onusienne en Libye sur une reprise du dialogue politique de Genève. Les troupes du Gouvernement d'union nationale (GNA) ont lancé leur bataille pour la récupération de l'aéroport de Tripoli, sous le contrôle de l'Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar, a annoncé hier matin le porte-parole de l'opération "Burkane al-ghadheb" (volcan de la colère), Mohamed Quanounou, dans un communiqué. "Nous avons instruits nos forces héroïques pour avancer et chasser les restes de la milice terroriste de Haftar qui ont fui à l'intérieur de l'aéroport de Tripoli", a-t-il affirmé, précisant que "l'aviation (du GNA) a déjà effectué au cours de ces dernières heures (à l'aube, ndlr) trois frappes contre une compagnie de chars des milices terroristes à Qasr bin Ghashir et détruit un autre char se trouvant à l'intérieur de l'aéroport de Tripoli", lit-on dans le même communiqué. "Nos forces ont réussi, il y a deux jours, à resserrer le cordon autour de l'aéroport de Tripoli en vue de sa libération et de l'extension du contrôle de l'Etat sur celui-ci", a expliqué M. Qanounou, rappelant que les récentes victoire des troupes du GNA sur l'ANL dans plusieurs régions de l'ouest du pays, dont la dernière en date est la récupération de "tous les camps militaires au sud de Tripoli", occupés par les troupes de l'homme fort de l'Est, au début de l'opération de conquête libyenne le 4 avril 2019. Le lancement de cette opération intervient à un moment crucial marqué par une série de revers militaire de Haftar de l'Ouest frontalier avec l'Algérie et la Tunisie, et la multiplication des contacts au niveau diplomatique pour la reprise du processus politique, à l'arrêt depuis des mois. La mise en place du comité de dialogue 5+5 à Genève, dans le sillage de la Conférence de Berlin sur la Libye de janvier dernier n'a pas réussi à aller au-delà de deux sessions de travail, avant le retrait de certains acteurs politiques libyens face à la poursuite des violences contre Tripoli et l'absence d'un véritable agenda de discussions autour d'un cessez-le-feu durable et permanent, condition sine qua non pour un début de sortie de crise en Libye. Mardi, la mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul) a affirmé que les parties libyennes étaient prêtes à reprendre le dialogue interrompu à Genève, sans donner de détails sur la date de cette reprise. Côté libyen, aucune partie n'a confirmé ou infirmé cette annonce, saluée de toutes parts. Par ailleurs, les médias russes ont annoncé hier la visite du vice-Premier ministre du GNA à Moscou "pour des discussions" sur la situation en Libye, au moment où la Russie est ouvertement accusée d'ingérence directe dans ce pays, en apportant son soutien à Khalifa Haftar, accusent les Etats-Unis. Washington a affirmé que des avions de chasse russes ont été envoyés dans la base d'Al-Jafra, où sont présentes les troupes de Haftar, outre l'implication de l'entreprise de sécurité privée russe (dite proche du Kremlin) dans l'envoi de mercenaires syriens en Libye, pour le compte des autorités parallèles de l'Est libyen. Lyès Menacer