La brouille entre Alger et Paris a été de très courte durée et la très passionnelle relation algéro-française a, semble-t-il, fini par retrouver son cours normal. Comme pour conjurer la mini-crise provoquée par la diffusion par deux chaînes publiques françaises de documentaires consacrés au hirak et assimilée par les autorités à des "attaques contre le peuple algérien et ses institutions (…)", le président français Emmanuel Macron a pris sur lui d'appeler, dans la soirée de mardi 2 juin, son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. La présidence de la République a indiqué, dans un communiqué rendu public hier, que "le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi soir, une communication téléphonique de son homologue français" et les deux chefs d'Etat ont fait part de leur engagement à "donner une impulsion prometteuse sur des bases durables" aux relations algéro-françaises mais dans "le respect total de la spécificité et de la souveraineté de chacun des deux pays". "Après avoir passé en revue les relations bilatérales, les deux parties ont convenu de leur donner une impulsion prometteuse sur des bases durables à même de garantir l'intérêt commun réciproque et le respect total de la spécificité et de la souveraineté de chacun des deux pays", a indiqué la Présidence. Les deux chefs d'Etat ont aussi échangé sur "les efforts consentis par chaque pays pour juguler la propagation de la pandémie de Covid-19" ainsi que sur la situation en Libye et dans les pays du Sahel, en se mettant d'accord sur "une coordination pour y mettre un terme en œuvrant au rétablissement de la sécurité et de la stabilité dans la région". Mais c'est la présidence française qui a rendu public, en premier, mardi soir, cet entretien important entre les deux chefs d'Etat, en soulignant leur engagement à "relancer" la relation entre Paris et Alger. "Après avoir passé en revue les relations bilatérales, les deux parties ont convenu de leur donner une impulsion prometteuse sur des bases durables à même de garantir l'intérêt commun réciproque et le respect total de la spécificité et de la souveraineté de chacun des deux pays", a indiqué l'Elysée dans son communiqué. Dans la soirée de mardi 28 mai, deux chaînes publiques françaises, France 5 et LCP, ont diffusé, en prime time, deux documentaires sur l'Algérie ("Algérie, mon amour" pour la première chaîne suscitée et "La promesse de l'aube" pour la deuxième) qui ont eu le don de provoquer la colère des autorités algériennes. Le lendemain, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué au vitriol en voyant dans la diffusion de ces documentaires de la "rancœur", de l'"inimitié" ou encore des "intentions malveillantes et durables", tout en décidant de rappeler l'ambassadeur d'Algérie en France, Salah Lebdioui, pour des consultations. "Le caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises, dont les derniers en date sur France 5 et la Chaîne parlementaire, le 26 mai 2020, en apparence spontanés et sous le prétexte de la liberté d'expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l'ANP et sa composante, la digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN)", avait dénoncé le MAE qui a tenu à préciser les principes sur lesquels doit reposer la relation algéro-française, à savoir "le respect mutuel et l'équilibre des intérêts" qui, du point de vue du département de M. Boukadoum, "ne sauraient faire l'objet de concession ou de marchandage". Un rappel qui s'inscrit en droite ligne de la mise au point faite par le président Abdelmadjid Tebboune qui, le 23 janvier dernier à l'occasion d'une rencontre avec les médias, avait affirmé que "l'Algérie n'est pas une chasse gardée de la France", non sans insister sur "le respect mutuel" qui doit imprégner les relations entre les deux pays. "L'Algérie avec sa nouvelle génération et direction n'acceptera aucune immixtion ou tutelle" de la part de la France, avait-il alors martelé.