L'Arabie saoudite et la Russie ont convenu d'étendre les réductions de l'offre jusqu'à la fin juillet, même si Riyad pousse en faveur d'une extension jusqu'à la fin août. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés, dirigés par la Russie, doivent se réunir aujourd'hui pour discuter de l'extension des réductions de la production de pétrole. Selon l'agence Reuters qui cite une source de l'Opep, les réunions commenceront par des pourparlers entre les membres de l'Opep suivis d'une réunion du groupe Opep+. Il sera également question de l'adoption d'une nouvelle approche conçue pour forcer des membres laxistes comme l'Irak à mieux se conformer aux restrictions existantes. Pour rappel, les membres de l'Opep+ avait convenu, en avril dernier, de réduire l'approvisionnement à 9,7 millions de barils par jour en mai et juin pour soutenir les prix qui se sont effondrés en raison de la crise du coronavirus. Les réductions devaient être ramenées à 7,7 millions de b/j de juillet à décembre. Selon l'agence britannique qui cite deux sources de l'Opep+, l'Arabie saoudite et la Russie avaient convenu d'étendre les réductions les plus importantes jusqu'à la fin juillet, ajoutant que Riyad poussait également pour une extension jusqu'à la fin août. Selon les calculs du cabinet Kpler, l'Opep élargie a réduit sa production d'environ 8,6 millions de barils par jour (mbj) en mai, soit moins que les 9,7 millions auxquels elle s'était engagée le 12 avril. Si la production de l'Opep a atteint son plus bas niveau en vingt ans, en pompant en moyenne 24,77 mbj sur le mois de mai (soit une baisse de 5,91 mbj par rapport au mois d'avril), tous les membres n'ont pas contribué à l'effort commun. La source de Reuters estime que la prolongation des réductions est soumise à un niveau de conformité plus élevé et que les pays qui ont produit plus que leur part en mai et juin, devraient s'engager à atteindre les objectifs et convenir de compenser tout excédent de production survenu plus tôt en réduisant davantage à partir de juillet, août et septembre. Ce qui place le sujet du respect des quotas de coupe par l'ensemble des pays signataires de l'accord au cœur des négociations entre les deux poids lourds, l'Arabie saoudite et la Russie, d'autant que, pour le moment, certains membres sont à la traîne, notamment l'Irak qui, selon une enquête de production Reuters-Opep, a l'un des pires taux de conformité en mai avec 38% des réductions promises. Ce qui pousse les Saoudiens à exercer de fortes pressions sur Bagdad pour qu'il se conforme. Bagdad a expliqué son faible taux de conformité par des problèmes techniques et un remaniement récent au sein du gouvernement. Malgré cela, l'Irak a accepté de s'engager à améliorer sa pleine conformité avec les coupes. L'entrée en vigueur début mai de l'accord trouvé en avril entre les membres de l'Opep et leurs alliés, notamment la Russie, pour couper leur production totale de 9,7 millions de barils par jour, a contribué à réduire l'écart abyssal entre la demande et l'offre. Dans le même temps les Etats-Unis, premier producteur mondial, ont considérablement ralenti le rythme effréné de leurs extractions. Ces réductions de production conjuguées aux signes d'une amélioration de la demande de carburant, suite à la fin des périodes de confinement décidée dans plusieurs pays, ont permis au prix du pétrole de retrouver des couleurs. Sur la dernière semaine, le Brent a gagné environ 14%, tandis que le brut WTI a augmenté de près de 6%, ce qui rend les deux repères sur la bonne voie pour des gains pour la sixième semaine. Mais est-ce suffisant pour dire que le pire est passé ? La réponse à cette question dépendra de l'attitude de l'Opep et ses alliées et de leur capacité à évoluer en un front cohérent et uni.