Les divergences autour des dates cachent en réalité des divergences plus profondes sur les accords de réduction de la production. Prévue initialement fin juin, la réunion de l'Opep et de ses alliés non-Opep s'annonce déjà tendue, alors que les divergences sur l'extension ou non de l'accord de limitation de la production sont flagrantes. L'Iran, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a indiqué qu'il s'opposait au report de la prochaine réunion du groupe, préparant ainsi le terrain à une nouvelle guéguerre avec son rival régional, l'Arabie saoudite. L'Iran fait face à une pression économique sans précédent, née de la décision de l'Administration Trump de rétablir les sanctions contre Téhéran dès novembre 2018, et de les durcir, ensuite, depuis mai dernier avec, comme levier, l'annulation des dérogations attribuées à huit pays, autorisés depuis novembre 2018 à continuer à acheter le brut iranien. Depuis, le président américain, Donald Trump, a demandé à plusieurs reprises à l'Arabie saoudite de compenser la baisse de l'offre pétrolière iranienne en augmentant sa propre production, ce qui, selon l'Iran, compromettrait le bon fonctionnement de l'Opep. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, a indiqué, hier, qu'il désapprouvait la proposition de l'Opep de reporter la prochaine réunion du groupe au début du mois de juillet. Cette réunion a été prévue initialement le 25 juin. Le lendemain, le 26 juin, les membres de l'Opep ont prévu des pourparlers avec leurs partenaires non-Opep, conduits par la Russie. Le pays de Vladimir Poutine, un poids lourd du marché pétrolier mondial, avait suggéré d'ajourner la réunion de l'Opep aux 3 et 4 juillet, et Riyad a aussitôt soutenu la demande. "Je ne suis pas d'accord avec les changements de dates proposés. J'ai déjà pris un engagement ferme au cours de cette période et, d'ailleurs, aucune raison n'a été fournie quant à l'urgence de prendre en compte ce changement de date", a écrit Bijan Zanganeh dans une lettre adressée au secrétariat de l'Opep. Dans une lettre séparée, l'Opep a déclaré que l'Algérie et le Kazakhstan étaient également en désaccord avec le report des dates. Des sources citées par Reuters ont déclaré que le Venezuela et la Libye étaient également opposés à un changement des dates de la réunion. "Cela devient vraiment gênant", ont déclaré des sources de l'Opep, citées par Reuters. Changer les dates nécessiterait l'unanimité. Or, cette unanimité fait défaut — jusqu'ici —, ce qui laisse à l'Opep et à ses partenaires deux options, dont l'une serait de laisser la réunion de l'Opep inchangée et de reporter les discussions avec les alliés au mois de juillet. Les tensions autour des dates cachent en réalité des divergences plus profondes sur les accords de réduction de la production. Ceux-ci ont été conclus le 7 décembre 2018 et portaient sur une réduction journalière de 1,2 million de barils de l'offre de l'Opep et de ses alliés, à raison de 800 000 barils par jour pour l'Opep et de 400 000 barils par jour pour les producteurs non-Opep. L'Iran, la Libye et le Venezuela étaient exemptés de cette réduction. L'Arabie saoudite a plaidé en faveur de l'extension des réductions au-delà de juin 2019, tout en s'engageant à compenser la défection de l'Iran, alors que des producteurs russes, à l'image de Rosneft, principal producteur de pétrole, ont fait savoir qu'ils demanderaient une indemnisation au gouvernement russe si Moscou acceptait de limiter davantage la production.