Hormis les établissements qui ont accueilli les confinés, les établissements hôteliers ont été confrontés à une fréquentation quasi nulle, les plongeant dans une crise financière qui sera difficile à surmonter. S'il n'a pas été sommé par l'Etat de fermer boutique comme les autres établissements commerciaux, le secteur hôtelier n'a pas été épargné, pour autant, par la crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus. Le manque à gagner, enregistré en février, mars et avril est estimé à 25 millions DA/jour et la tendance est la même pour le mois de mai. Selon une source proche du groupe public Hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT), un chiffre est, pour le moins, parlant, attestant de la profondeur du préjudice subi. Ce montant reste, toutefois, à comparer avec les bilans réalisés en 2019 ou encore en 2018 pour en déduire, réellement, la teneur en prenant en considération les bilans comptables. Il ne s'agit-là que des hôtels publics relevant du HTT qui ne représentent environ que 10% du parc hôtelier algérien. C'est dire que la situation globale qui n'est pas quantifiée (absence de données pour le moment) est préoccupante à plus d'un titre. "Hormis les confinés que nous avons reçus, nous n'avons eu aucun client. Certes, recevoir les confinés nous a procuré un certain soulagement mais nous sommes loin d'être sortis d'affaire car les pertes sont quand même là", nous a indiqué M. Bakhti, directeur du centre de thalassothérapie de Sidi Fredj qui avance, pour sa part, un manque à gagner de 100 millions DA par mois "par rapport à ce que nous aurions pu faire en temps normal". Le centre de thalassothérapie en question, qui, en général, génère 50% de son chiffre d'affaires de sa convention avec la Cnas (hébergement et soins), voit cette activité complètement à l'arrêt tout autant que ses conventions avec les autres clients. La situation n'est guère reluisante du côté des autres hôtels, qu'ils soient de grand et de moyen standing ou même plus modestes. "Il en est de même pour les hôtels Aurassi et El Djazaïr (ex- Saint Georges), les complexes, tout comme pour les hôtels privés. C'est un ralentissement conséquent de l'activité avec un lourd impact financier", insiste notre interlocuteur qui rappelle que "la situation était déjà difficile bien avant la pandémie avec la situation politique du pays qui a connu une baisse d'activité économique à tous les niveaux avec l'arrêt de l'événementiel qui constituait des rentrées substantielles pour les hôtels en l'absence de touristes". Du côté du complexe touristique de Zéralda, Arezki Touati, P-DG de l'EGT, qui, lui aussi, a eu à héberger des confinés, affiche un certain optimisme quant aux résultats, sans pour autant nier tous les dégâts subis par le secteur hôtelier à cause de la pandémie de Covid-19. "Cette période de crise nous dicte beaucoup d'enseignements jusqu'à repenser notre façon de procéder. Il nous faut montrer une nouvelle image du tourisme algérien avec comme point focal, le tourisme local qui pourrait s'avérer une véritable alternative", nous dit-il. Un optimisme plutôt nuancé du côté des hôtels privés qui, eux, se retrouvent face à un véritable dilemme. Farouk Aït Aoudia à la tête de deux hôtels (un à Alger et un autre à Tigzirt) soutient pour sa part "la nécessité de l'intervention de l'Etat pour aider les hôteliers à maintenir, au moins, leur personnel et éviter de grossir les rangs des chômeurs". Il assure que "beaucoup d'efforts sont fournis par les hôteliers à leur niveau pour gérer cette crise et atténuer de son impact sur leurs salariés", mais ne manque pas d'aborder "la difficulté de maintenir la trésorerie à flot à cause de l'arrêt total de l'activité pendant plus de trois mois", plaidant pour "des actions d'aide notamment au niveau fiscal". Dans le même sillage, le responsable de l'hôtel Lamaraz évoque, également, ce souci de préservation de l'emploi qui, de son avis,"compte énormément pour l'hôtelier, notamment pour ceux qui ont investi dans la formation". La FNH réclame l'amnistie fiscale pour 2019-2020 L'hôtellerie privée (1 900 hôtels) représente environ 90% du parc hôtelier algérien qui aujourd'hui se retrouve dans une situation plutôt délicate."Hormis quelques hôtels qui ont été associés à l'opération de confinement des Algériens rapatriés de l'étranger, la majeure partie des hôtels n'a eu aucune activité. C'est un manque à gagner conséquent qui sera fatal à certains hôtels", a confié Ahmed Oulbachir, président de la Fédération nationale des hôteliers (FNH) qui a fait savoir que "des correspondances exposant ce cas de figure ont été envoyées à qui de droit jusqu'au plus haut sommet de l'Etat." La Fédération, qui tire la sonnette d'alarme quant à la gravité de la situation, revendique "une amnistie fiscale pour 2019 et 2020 ainsi que certaines mesures d'accompagnement pour permettre aux hôteliers de sortir du gouffre" et poursuivre leur activité et leur rôle de grand pourvoyeur de postes d'emploi directs et indirects.