Le président du RCD décèle dans le texte de la charte trois aspects : la demande de mandat pour un pouvoir absolu, l'impunité pour les services de sécurité et le musellement définitif de tout citoyen contestataire de la démarche présidentielle. Au-delà du boycott massif, le RCD appelle les Algériennes et les Algériens à débattre pour disqualifier l'ensemble du processus d'instauration d'un régime despotique. “Le chef de l'Etat entretient la fitna en alimentant les oppositions entre laïcs et religieux. Au-delà du danger de la démarche, Bouteflika fait semblant d'oublier qu'en Algérie le problème n'est pas entre le bon et le mauvais religieux, mais entre le résistant et le déserteur. Quand on a déserté le navire en pleine tempête, on peut à la limite demander pardon à son peuple. Mais il est indigne de l'interpeller et surtout indécent de se poser en juge quand on a déserté le combat.” C'est ce qu'a déclaré Saïd Sadi, jeudi à Alger, lors de la réunion du conseil national du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Décortiquant le texte de la charte pour la paix et la réconciliation nationale soumise à référendum, le président du RCD décèle trois aspects clairement formulés : la demande de mandat pour un pouvoir absolu ; l'impunité pour les services de sécurité ; le musellement définitif de tout citoyen contestataire de la démarche présidentielle. Trois éléments suffisamment mis en évidence au point de faire dire au docteur Sadi : “Ce texte en soi est un programme pour les crises à venir, autant au plan institutionnel, sécuritaire que politique.” Rappelant ce qui s'était passé à Berlin lorsque les Munichois avaient cru pouvoir amadouer le nazisme, Sadi paraphrasant Churchill interpellant Chamberlain, qui avait voulu éviter la guerre par la soumission, prévient : “Bouteflika relancera le terrorisme dans l'indignité.” La clairvoyance du Premier Ministre britannique a prévalu puisque le monde a eu “et la guerre et l'indignité”. Abordant le sujet des élections partielles en Kabylie, le leader du RCD, faisant la synthèse des débats du conseil national, confirmera la participation de son parti au scrutin du 24 novembre. Mais que cache cette opération électorale inédite dans les annales algériennes ? En fait, explique le Dr Sadi, ces partielles sont une preuve de la première application concrète de la charte puisqu'il s'agit pour le pouvoir d'éliminer sociologiquement et politiquement une région, la Kabylie en l'occurrence, pour lui substituer une autre en mesure d'assumer les desiderata du chef de l'Etat. Mais pour le RCD, la réponse est résumée par cette formule très simple : boycott massif pour le référendum et participation massive pour les partielles. Car fondamentalement, aujourd'hui, l'issue du combat démocratique national est engagée à travers la bataille de la Kabylie. C'est là la conviction chevillée de Saïd Sadi. Au cours des débats qui ont suivi l'introduction du président du RCD, des membres du conseil national ont fait état d'un certain nombre de dépassements qui ont émaillé la campagne référendaire. C'est ainsi que l'on apprend qu'un citoyen de Chabet El-Ameur, dans la wilaya de Boumerdès, a été interpellé par la police pour avoir refusé de serrer la main à un repenti, alors qu'un inspecteur de police, voulant prendre la parole lors d'un meeting de Abdelaziz Belkhadem, a été tabassé et menacé de mort. À Tizi Ouzou, avons-nous également appris, auprès de la direction du RCD, des associations culturelles sont sommées de ramener au moins 200 personnes chacune pour le meeting de Bouteflika le 18 septembre ; dans le cas contraire, ces associations se verraient refuser agréments et subventions. Yahia Arkat