Voyant dans le référendum du 29 septembre “un anachronisme et un danger pour la nation”, le parti de Saïd Sadi appelle à son boycott et invite les Algériens “à ignorer cette échéance en la disqualifiant par tous les moyens pacifiques”. Voilà une autre voix discordante, et non des moindres, qui bat en brèche radicalement l'unanimisme ambiant autour de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le rejet du RCD du projet que le président de la république compte soumettre à référendum le 29 septembre prochain ne souffre d'aucune ambiguïté ou faux-fuyant. “Programme pour les crises à venir — véritable coup d'Etat institutionnel — qui se revendique de la paix, vise en fait l'instauration d'un pouvoir absolu”, est-il noté dans les résolutions du conseil national ordinaire de ce parti tenu jeudi 8 septembre. Analysant la substance du document de la charte, le parti de Saïd Sadi en a ressorti 3 points essentiels : d'abord, le mandat illimité donné par le peuple au chef de l'Etat pour “prendre toutes les décisions” (…). Ensuite la garantie de l'impunité pour les services de sécurité et la confirmation de l'impunité pour les terroristes. Enfin, l'interdiction définitive d'évoquer le terrorisme. Pour le parti de Saïd Sadi, la démarche réconciliatrice du chef de l'Etat, présentée comme un prolongement de la concorde civile, pèche par “l'incohérence” et trahit “une gestion politique marquée par l'improvisation et la confusion”. “La réconciliation nationale a toujours précédé la concorde, ultime stade de cohésion, de stabilité et d'apaisement de segments sociaux préalablement réconciliés”, remarque le RCD. Et de poursuivre : “Aucun pays ayant subi des crises comparables n'a réglé ses problèmes par les fraudes, l'oubli et l'impunité ; c'est-à-dire la fuite en avant. Dans ce type de situation, le débat public et la justice se sont partout et toujours révélés être des préalables à la prévention et au règlement des crises.” Piqué au vif par les déclarations du président Bouteflika qui a endossé la responsabilité de la crise à “l'irresponsabilité des islamistes et laïcs”, le RCD rétorque sèchement : “la ligne de démarcation ne sépare pas les bons et les mauvais musulmans, mais les résistants et les déserteurs dans une phase historique vitale pour l'Algérie.” Une façon de rappeler au chef de l'Etat, qui “s'est intronisé arbitre d'un drame”, son absence prolongée du pays pendant les années de braise. Et au parti de Sadi de saluer ceux “qui ont permis à la nation de survivre au naufrage causé par un régime d'intrigues et de prédations”, et de rappeler solennellement que “l'Algérie a été victime d'une entreprise de déstabilisation aux ramifications internationales désormais avérées”. Voyant dans le référendum du 29 septembre “un anachronisme et un danger pour la nation”, le RCD appelle à son boycott et invite les algériens “à ignorer cette échéance en la disqualifiant par tous les moyens pacifiques”. Et de prévenir qu'au soir du 29 septembre, cette opération, qui aura “affaibli les ressorts civiques et moraux de la nation”, relancera de plus belle le terrorisme. Rebondissant sur les élections partielles en Kabylie, le RCD voit dans leur organisation “la première application d'une charte qui consacre le pouvoir absolu”. N'ayant “ni souhaité ni appelé” à la tenue de ces élections, le RCD a avancé deux raisons pour justifier sa participation : “redonner aux populations de Kabylie la possibilité de voir leurs affaires gérées dans le respect, la transparence et l'efficacité ; enrayer la stratégie de désintégration régionale projetée à travers la manipulation de la délinquance, la corruption et la pollution de l'administration.” Un tel plan diabolique ne peut être contré que par “une mobilisation solidaire, massive et déterminée” à même de garantir “l'élection de 2007 dans la région et au-delà”. ARAB CHIH