30 à 34 millions des 79,5 millions de personnes déplacées de force dans le monde sont des enfants, s'est alarmé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Alarmant ! En 2019, le nombre de personnes déplacés dans le monde a atteint le chiffre "stupéfiant" de 79,5 millions — presque le double du nombre de personnes en crise enregistré il y a dix ans —, selon le dernier rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le document de l'ONU montre que 8,7 millions de personnes ont été nouvellement déplacées rien qu'en 2019, les pays en développement étant les plus touchés. "Ce chiffre de près de 80 millions — le plus élevé que le HCR ait enregistré depuis que ces statistiques ont été systématiquement collectées — est bien sûr un motif de grande inquiétude", a déclaré, jeudi, lors d'une conférence de presse à Genève, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Les guerres, les violences multiformes, la persécution, la pauvreté et les crises économiques, note le document de l'ONU, restent les principales raisons de ces déplacements forcés dont près de la moitié sont des enfants. "30 à 34 millions des 79,5 millions de personnes déplacées de force dans le monde sont des enfants", a indiqué M. Grandi. Le chef du HCR a noté que bien que la question des déplacements touche toutes les nations, les données montrent que ce sont les pays les plus pauvres qui accueillent 85% des personnes forcées de quitter leur foyer. "Il s'agit toujours d'un problème mondial, un problème pour tous les Etats, mais qui, malgré la rhétorique, interpelle plus directement les pays les plus pauvres — et non les pays les plus riches", a-t-il déclaré. De nombreuses situations d'urgence, anciennes et nouvelles, sont à l'origine des flux massifs de personnes, de l'Afghanistan à la République centrafricaine, au Myanmar, avec des points chauds comme la République démocratique du Congo (RDC), le Burkina Faso — et le Sahel au sens large — et les retombées continues en Syrie, après près d'une décennie de guerre civile. Néanmoins, 73% des 79,5 millions de personnes en déplacement ont trouvé refuge dans un pays voisin du leur, a poursuivi M. Grandi, rejetant l'idée fausse et régulièrement politisée selon laquelle la plupart des migrants et des réfugiés ciblent les pays riches loin de chez eux. Près de sept sur dix des personnes déplacées venaient de Syrie, du Venezuela, d'Afghanistan, du Sud-Soudan et du Myanmar, a poursuivi le haut-commissaire. "Si les crises dans ces pays étaient résolues, 68% des déplacements forcés dans le monde seraient en voie de l'être", a-t-il déclaré. "La pauvreté accrue des populations — associée à l'absence de solutions à une situation de conflit et, dans des situations comme celle du Sahel, à une détérioration de la sécurité — augmentera sans aucun doute les mouvements de population dans la région mais aussi au-delà, vers l'Europe", a prévenu encore M. Grandi, en ajoutant que la crise sanitaire actuelle liée au coronavirus est figure parmi les facteurs aggravants.