La place du Canada, au centre-ville de Montréal (Québec), s'est transformée en une agora culturelle et engagée à l'occasion de la manifestation dominicale de soutien au hirak. Dimanche, le rassemblement de la diaspora de soutien à la révolution du sourire a pris l'allure d'une "opérette" qui emprunte beaucoup au théâtre en hommage au jeune targui Ayoub Agh Adji, tué la semaine dernière lors des événements de Tin Zaouatine. Outre le décor contestataire habituel de la manifestation avec ses pancartes revendicatives et les slogans amplifiés à forts décibels dans le ciel de la métropole québécoise, le rendez-vous des Algériens à Montréal a été un moment de commémoration et de recueillement.Un numéro spécial a été joué par notamment l'activiste Djamel Témiscamingue, la mascotte du Hirak à Montréal. Le militant, qui, à chaque manifestation, brandit des pancartes barrées par des slogans à l'humour corrosif, a déployé un tissu à terre pour jouer le mort dans un accoutrement targui, entouré de pancartes qui appellent à la justice et à la poursuite du combat démocratique. "Ayoub n'est pas mort tant que le Hirak est vivant", peut-on ainsi lire sur un écriteau. Des chants targuis sont alors entonnés en hommage au jeune Ayoub. Les dizaines de manifestants ont observé une minute de silence à sa mémoire. L'assassinat de ce jeune targui sorti manifester ne doit pas rester impuni, ont clamé nombre d'intervenants lors du speaker corner. La justice est réclamée. "Une justice indépendante, pas celle qui met en prison des militants du Hirak", a ironisé un intervenant. La vague de répression qui s'abat sur les hirakistes en Algérie en pleine crise sanitaire interpelle au plus haut point les Algériens du Canada. "Un pouvoir qui profite de la crise sanitaire pour réprimer et brimer les libertés est condamné à finir dans les poubelles de l'Histoire", a éructé un autre militant, ajoutant que "l'Algérie nouvelle", qui se décline à coup de répression, n'est visiblement pas celle du changement voulu par le peuple du 22 février. La question du renforcement du Hirak à l'heure de la répression a fait l'objet d'une discussion la veille lors de la réunion virtuelle du Forum citoyen des Algériens de Montréal. La manifestation a été aussi l'occasion de rendre hommage à Lounès Matoub, dont on commémore cette semaine le 22e anniversaire de son lâche assassinat. La voix du "Rebelle" a tonné dans le ciel chaud de Montréal.