L'élan de solidarité des citoyens a permis de sauver la face, selon le premier responsable de la commune. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise du coronavirus ? Ahmed Yekhlef : Passés les premiers moments de torpeur causés par l'arrivée subite de la pandémie de coronavirus, l'APC a rapidement réagi en adoptant une posture proactive en mobilisant tous les moyens de la municipalité pour affronter la situation. C'est une course contre la montre qui a été engagée juste après le premier cas de décès par le virus corona d'un jeune habitant, qui a été enregistré à la cité les Acacias, et la mise en quarantaine de plusieurs membres d'une grande famille de la ville de Médéa. L'APC a organisé une opération de désinfection qui a touché les marchés, les cités d'habitation et les édifices publics afin d'endiguer la propagation de l'épidémie. Une campagne de sensibilisation tous azimuts a également été menée concomitamment avec l'opération de désinfection sur le port de la bavette et la distanciation sociale, dès l'apparition des premiers cas d'infection dans la commune. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus ? Quel a été leur rôle ? Les actions de la municipalité ont été appuyées par la participation efficace du mouvement associatif qui a permis de pallier certaines défaillances relatives au manque d'effectifs de la commune pour mettre à la disposition de la population des masques de protection. L'élan de solidarité des citoyens s'est manifesté à travers la précieuse contribution des fabricants de chaussures qui se sont portés spontanément volontaires pour la confection de centaines de milliers de masques qui ont été distribués gratuitement aux citoyens de la wilaya et acheminés vers plusieurs autres wilayas, dont Blida, Tiaret, Mascara et Aïn Defla. En outre, de nombreuses associations caritatives, sportives et culturelles se sont impliquées dès le début de la crise sanitaire dans les différentes opérations de proximité d'aide et de solidarité auprès des familles en détresse. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune en lui accordant des compétences larges pouvant lui permettre de mieux gérer les affaires publiques ? L'évolution vers l'amélioration après trois mois de crise sanitaire, dont le pic a été atteint durant le mois de Ramadhan, exige de l'APC d'envisager de nouvelles mesures de soutien aux commerces et aux unités de production et de services qui sont sur son territoire pour une relance rapide de l'activité économique et de l'emploi. Cela peut paraître une "mission impossible" eu égard aux conséquences désastreuses de la pandémie sur des milliers de familles dépourvues de ressources, qui ont été contraintes d'émarger sur la liste des bénéficiaires de la prime d'aide de 10 000 DA décidée par les pouvoirs publics. Près de 5,6 milliards de centimes ont été mobilisés pour l'opération d'aide aux démunis, une aide qui a touché 5578 familles nécessiteuses, un montant auquel se sont ajoutées les dépenses pour l'acquisition et la distribution de 3500 colis alimentaires durant le mois sacré. L'APC a joué pleinement son rôle dans la gestion de la crise sanitaire depuis son début, en dépit de ses faibles ressources qui ont drastiquement chuté, suite à la baisse du niveau des recettes causée par le ralentissement de l'activité économique de production et la fermeture des entreprises locales. La commune ayant donné la preuve de son efficacité dans la gestion de la crise liée à la pandémie de coronavirus, il y a besoin de revoir le rôle de l'élu en matière d'évaluation des ressources financières déléguées par les services centraux de l'Etat afin de pouvoir agir et prendre en charge les besoins essentiels de ses administrés des zones d'ombre et accompagner les initiatives des jeunes. Comment envisagez-vous le devenir de votre commune après la pandémie ? Dans le cadre de sa mission, la fonction qu'il représente et la place qu'il occupe dans l'action publique locale post-Covid-19, le P/APC doit disposer de nouvelles attributions qui lui donneront les garanties et les droits qui renforcent son statut pour pouvoir gérer les affaires de sa commune. Cela dans l'objectif de développer l'activité économique de la commune en concentrant l'effort sur le soutien des actions d'investissement pour réduire l'impact de la crise et créer des postes d'emploi. L'après-Covid-19 est une étape qui se prépare par une réflexion sur les nouveaux outils et les ressources nécessaires pour repenser le développement de nos territoires et effacer les stigmates de la pandémie.