De gros importateurs se sont rués au cours des douze premiers jours de septembre vers les bureaux de douane pour arracher les quantités de produits de large consommation importés de l'Europe en exonération de droits de douane. On assiste à un processus d'accélération des importations de produits de large consommation du fait de l'entrée en vigueur de l'accord d'association conclu entre l'Algérie et l'Union européenne. En effet, d'ores et déjà, les quotas de sucre, de blé dur, de piments séchés, de margarine, de pruneaux, de mélanges de fruits séchés et de fruits à coque sont épuisés. Au douzième jour de l'entrée en vigueur de l'accord d'association, le Centre national de l'informatique et des statistiques de la douane a enregistré 134 fiches, a-t-on appris auprès de son premier responsable qui signifient l'éligibilité des importateurs qui ont introduit la demande à bénéficier des quantités importées de l'UE en exonération de droits de douane, et qui correspondent à autant de transactions. Il en ressort, de façon plus précise, que des opérateurs ont déclaré l'importation de 50 000 tonnes de sucre blanc au cours de cette courte période, épuisant ainsi le quota. En clair, l'Algérie a droit d'importer pour 150 000 tonnes de sucre en 2005 de l'Union européenne frappées de droits de douane zéro. Comme l'entrée en vigueur de l'accord date de septembre, elle n'a droit qu'à un tiers du quota, correspondant au dernier trimestre. L'année prochaine, elle aura droit pleinement à 150 000 tonnes de sucre blanc. En résumé, le quota de 50 000 tonnes est épuisé. En quelques jours, une quantité qui représente 5% des besoins annuels du pays en sucre, en un mot, va être introduite sur le marché. Les importations de sucre blanc d'ici à décembre seront frappées des droits de douane en vigueur en 2005 sur ce produit. En somme, elles ne bénéficieront pas de l'avantage fiscal (exonération de droits de douane). Même topo pour le blé dur. Dans le cadre du contingent ou plus simplement du système des quotas, depuis le 1er septembre des opérateurs ont déclaré l'importation de 33 000 tonnes de blé dur, soit un tiers des quantités annuelles en exonération de droits de douane. Le quota pour le blé dur est épuisé. Au-delà, les importateurs de ce produit à partir de l'Union européenne devront payer normalement les droits de douane. Pour le blé tendre, il est épuisé à 38% au douzième jour de l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Le quota pour le dernier trimestre est de 100 000 tonnes. Pour l'année 2006, les opérateurs bénéficient d'un quota de 300 000 tonnes de blé tendre importées de l'Union européenne en exonération de droits de douane. Ainsi, en quelques jours, 38 000 tonnes de blé tendre ont été introduites dans les ports algériens pour être commercialisées sans doute très prochainement. Le quota de bière est également épuisé. Il a été déclaré 166 tonnes. Il en est de même pour la margarine ; il a été déclaré l'importation dans le cadre de l'accord de 666 tonnes. Les quotas sont également épuisés pour les piments séchés (importation de plus de 16 tonnes), les pruneaux (16 tonnes), les mélanges de fruits séchés (16 tonnes) et les fruits à coques (16 tonnes). Ces opérateurs ont fait du 2 en 1 : bénéficier de l'avantage fiscal et introduire des produits très demandés pendant le mois de ramadan. Toutes ces importations massives résultent de la mise en œuvre de l'accord d'association à partir du1er septembre où préside le principe du premier arrivé premier servi pour arracher les quotas donnant droit à l'avantage fiscal. L'avantage pour le consommateur, c'est que ces produits de large consommation seront en principe moins chers. Pour les producteurs de ces produits, ils pourraient constituer une menace en termes de perte d'emplois et de pérennité de l'activité. La douane, elle, tend à garantir l'équité entre les importateurs concernés par ce système dit Fifo (premier arrivé premier servi). En ce sens, “la Douane algérienne veut à travers le Cnis rendre publiquement compte des situations telles que les contingents en toute transparence en direction des opérateurs et du large public”, souligne M. Houri, directeur du Cnis. N. Ryad