La nouvelle coalition de l'opposition, menée par l'influent imam Mahmud Dicko, a conditionné mercredi dernier son renoncement à réclamer la démission du président par la formation d'un gouvernement de transition. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a proposé durant le week-end la formation d'un gouvernement d'union nationale, incluant toutes les sensibilités politiques du Mali, après une série de rencontres avec l'opposition et ses partisans au sein du parti au pouvoir, ont rapporté les médias maliens. "Le président de la République nous a donné son point de vue, sachant qu'il a fait une offre de gouvernement d'union nationale en proposant à l'ensemble des sensibilités politiques de se retrouver au sein de cet exécutif afin de conduire les réformes nécessaires pouvant éviter à notre pays des épisodes similaires", a déclaré à RFI l'ancien ministre des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly, qui dirige la coalition formée par le parti au pouvoir et des partisans d'IBK au sein de la société civile. Du côté de l'opposition, rien n'a encore filtré pour le moment. Cette main tendue du Président intervient au lendemain de la publication d'un mémorandum par la coalition des mouvements de l'opposition du "Mouvement du 5 juin (M5)", réclamant entre autres la formation d'un nouvel exécutif pour assurer la transition, tout en appelant les Maliens à une nouvelle manifestation pour le 10 juillet prochain. Le M5-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) conditionne toutefois toute ouverture de dialogue avec IBK par certains points qui seraient difficiles à satisfaire, dont "la dissolution immédiate de l'Assemblée nationale" et la mise en place d'un gouvernement de transition, dont "le Premier ministre est désigné par le M5-RFP" qui "ne peut être démis par le Président de la République que dans les conditions prévues par la Charte de transition". Le Premier ministre désigné aura une totale liberté pour former son gouvernement, selon le texte du mémorandum de l'opposition qui réclame aussi "le détachement des services exécutifs de l'Etat de la présidence de la République". Si les propositions des deux parties semblent s'accorder sur la nécessité de former un nouveau gouvernement, incluant l'ensemble des acteurs politiques, religieux et des membres de la société civile, certaines conditions posées par la coalition du M5-RFP risquent de faire avorter les discussions avant même leur ouverture. Pour cause : le président IBK est pris dans un étau entre ses partisans qui critiquent le texte du mémorandum et une opposition déterminée et aux rangs qui ne cessent de grossir. D'autant que le président a un autre dossier sur le dos et qu'est celui de la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. La mise en œuvre de cet accord traîne depuis cinq ans et toute nouvelle crise politique à Bamako pouvant évincer IBK du pouvoir risque de replonger le pays dans un nouveau chaos semblable à celui de 2012, après le putsch militaire qui a chassé l'ancien président Amadou Toumané Touré du palais de Koulouba, suivi par le déclenchement de la rébellion touarègue dans le nord du pays.