Le communiqué publié dimanche soir par la coalition de l'opposition est une douche froide pour le président malien, qui doit à la fois répondre aux exigences de la rue sans froisser ses partisans. La coalition de l'opposition, qui rassemble le Mouvement du 5-Juin et le Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), a réitéré dimanche soir sa demande de démission du président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), au lendemain d'une série de rencontres qu'il a eue séparément avec l'imam Mahmud Dicko et des responsables du parti au pouvoir samedi. "Lors de cette rencontre, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta a continué à faire la sourde oreille et preuve de mépris envers le peuple malien", lit-on dans ce communiqué incendiaire. "En effet, M. Keïta a royalement ignoré toutes les demandes et mesures contenues dans le mémorandum du 30 juin 2020", expliquent les auteurs du communiqué, ajoutant qu'"en conséquence, le M5-RFP réaffirme plus que jamais sa détermination à obtenir, par les voies légales et légitimes, la démission pure et simple de M. Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime, sauf application du mémorandum" soumis par la coalition de l'opposition, qui a parallèlement appelé mercredi dernier à de nouvelles manifestations pour le 10 juillet à Bamako et dans d'autres villes maliennes. Le M5-RFP avait soumis mercredi dernier un mémorandum dans lequel il renonçait à demander la démission du président IBK, en contrepartie d'autres exigences difficiles à satisfaire, pour ne pas dire impossibles à mettre en place, sans susciter la colère du parti au pouvoir et d'une autre partie des Maliens. Après avoir reçu l'influent imam Mahmud Dicko, IBK a affirmé sa disponibilité à former un gouvernement d'union nationale qui inclura toutes les sensibilités politiques existantes, afin d'éviter au pays de replonger dans une nouvelle crise politique, alors qu'il est toujours en prise avec la crise du nord et la guerre contre le terrorisme depuis 2012. Pour sa part, l'opposition exige un gouvernement de transition, dont le Premier ministre sera désigné par le M5-RFP. Le président n'aura aucune possibilité de dégommer le Premier ministre, qui choisira en totale liberté lui-même son équipe gouvernementale, sauf dans certains cas qui devraient être inscrits dans une charte à rédiger, si IBK acceptait d'appliquer ce fameux mémorandum à la lettre. "La dissolution immédiate de l'Assemblée nationale" figure aussi parmi les exigences de l'opposition, ainsi que "le détachement des services exécutifs de l'Etat de la présidence de la République", lit-on encore dans le texte du mémorandum, sévèrement critiqué par les partisans du président qui n'arrivent pas, par ailleurs, à mobiliser du monde autour d'eux, en dehors de quelques minuscules organisations de la société civile, dont la majorité a rejoint les rangs du M5-FRP. Les partisans d'IBK ont appelé début juin dernier à des contre-marches qui n'ont pas drainé grand-monde avant de renoncer à ce type d'actions, qui pourraient dégénérer en affrontements avec les manifestants de l'opposition. Pour rappel, l'ONU, l'Union africaine et des organisations régionales ont vainement tenté de réconcilier les deux parties en conflit, avant d'y renoncer, tout en appelant les Maliens à ne pas se laisser gagner par la violence. Lyès Menacer