Des milliers de Maliens se sont rassemblés hier après-midi à la place de l'Indépendance à Bamako pour exiger la démission du chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), après l'échec des discussions qu'il a engagées le week-end dernier avec le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), mené par l'imam Muhamed Dicko, qui a appelé à la désobéissance civile. "IBK démission", "IBK dégage", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, qui ont commencé à affluer vers le lieu du rassemblement dès les premières heures de la matinée, constate-t-on sur les vidéos relayées sur les médias sociaux. Les responsables de cette coalition, qui ne cesse de voir ses rangs grossir, se sont succédé sur une scène aménagée à cet effet pour dénoncer IBK et expliquer la teneur de leur revendication première, le départ du président et de toute son équipe gouvernementale. Cette nouvelle manifestation intervient à l'appel de cette coalition M5-RFP du 30 juin, date à laquelle elle a rendu public un mémorandum conditionnant son renoncement à exiger le départ d'IBK du palais de Koulouba. Lors d'une conférence de presse animée jeudi, Muhamed Dicko a expliqué, avec les membres de sa coalition, que le président IBK n'a pas accédé à leur demande de dissoudre l'actuelle Assemblée nationale, à l'origine officiellement de cette nouvelle crise politique qui secoue le pays. De nombreux candidats aux législatives des 29 mars et 19 avril ont contesté les résultats de ce scrutin, qui a donné la majorité au parti au pouvoir, dénonçant la partialité de la Cour constitutionnelle et la fraude en faveur des candidats proches du pouvoir. Le M5-RFP a exigé dans son mémorandum la révision de la composante de cette institution, mais aussi la dissolution du gouvernement et la formation d'un gouvernement de transition, à sa tête un Premier ministre désigné par cette coalition et que le président ne peut en aucun cas renvoyer. En contrepartie, l'opposition renoncera à exiger la démission d'IBK qui a proposé un gouvernement d'union nationale et la nomination de certains candidats malheureux aux dernières législatives au poste de sénateur du tiers présidentiel. Mais la majorité de ces candidats a décliné la proposition d'IBK, qui les a accueillis en fin de semaine pour tenter de trouver un terrain d'entente aux fins de désamorcer cette crise. Dans son discours mercredi soir, le chef de l'Etat malien a jugé "hautement probable que les solutions trouvées par la nouvelle Cour constitutionnelle résolvent la question de l'Assemblée nationale". Dans sa tentative avortée de médiation, l'Organisation de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a proposé des élections partielles dans la trentaine de circonscriptions aux résultats contestés. Mais aucune suite n'a été donnée à cette proposition de la Cédéao, tout comme a échoué la médiation de l'Onu et de l'Union africaine. Lyès Menacer